10 bars et salles de spectacle qui nous manquent
Des souvenirs, de la musique, des bières de trop...
Le mot et la sélection de Steph
Parfois les salles mythiques de la scène musicale évoquent plus de souvenirs que certains shows qu’on a pu y voir.
On verse une larme nostalgique en pensant à tous ces lieux de perdition où on a pu voir des bands pour la première fois avant tout le monde.
Oui, il y a toujours de nouvelles salles qui ouvrent pour faire danser les bougalous, mais il est normal passé 30 ans qu’on se remémore des salles québécoises un peu sketch qui avaient tout le charme, du moins pour nous, du CBGB ou du Cavern Club.
Bien sûr, en plus des souvenirs des spectacles, on se rappelle aussi ce qui jouait là-bas. C’est pourquoi on a associé une toune pour chaque endroit. Que ce soit un band qui nous a marqués s’y étant produit ou tout simplement que le DJ faisait passer de temps en temps.
N’hésitez pas à nous faire vos propres suggestions de salles disparues à la grandeur du Québec. Partagez-nous vos souvenirs.
L’Arlequin (Québec)
Ceux qui ont eu le privilège de jouer dans cette enceinte se souviennent sûrement des mégaloges situées au-dessus du bar. Immense comme ça, on n’appelle plus ça un bar… On appelle ça un loft! Combien de punk ou de métalleux de Québec ou d’ailleurs se sont fait les dents sur ce «haut lieu des bas-fonds»… Des noms? DBC, Chixdiggit, Lunachicks, Cryptopsy, MDC, Ripcordz, Napalm Death, Les Secrétaire Volantes et tellement d’autres.
Jailhouse (Montréal)
Le premier bar qui avait booké mon ancien band Les Macchabées. Beaucoup, BEAUCOUP, de groupes sont passés là avec les années. Même qu’un livre monté par Domenic Castelli, qui a géré l’endroit un bon bout de temps, montre plusieurs flyers des années 90 et du tournant du siècle. Une belle vitrine pour les bands locaux qui pouvait parfois partager les scènes avec des vieux routiers ou des groupes établis comme Agnostic Front, The Makers, UK Subs, Vibrators, The Donnas… La scène locale y a aussi connu des soirées mémorables avec Les Marmottes Aplatis, Vulgaires Machins ou Caféïne.
Les Graffitis (Sherbrooke)
Sans ce bar, j’aurais peut-être fini mon cégep en deux ans plutôt que trois… Je parle de «bar», mais le Graff - comme on l’appelait - a vu quand même beaucoup de groupes défiler sur la scène (qui était en fait le plancher de danse les autres soirs). Les vrais se rappelleront du feu qui avait partiellement ravagé l’endroit en 1998, faisant en sorte qu’on voyait déambuler les «orphelins du Graff» un peu partout au centre-ville de Sherbrooke. Quelques mois ont suffi pour que ça rouvre à nouveau. Les nostalgiques peuvent encore se rabattre sur les soirées retrouvailles chaque année à l’Action de grâce.
Le Café du Palais (Sherbrooke)
Eh oui! Un doublé sherbrookois. J’y ai quand même fait mon cégep et mon université, c’est normal que sa vie de nuit ait imprégné mes habitudes d’alors. Surtout que j’ai officié en tant que DJ dans ce bar que les habitués appelaient Les Marches. J’y ai aussi fait de l’impro lors des fameux dimanches de la ligue L’Abordage en plus d’y avoir joué avec mes deux bands à quelques reprises. Bref, une deuxième maison pour moi. Jean Leloup a déjà paqueté l’endroit à une couple de reprises. Les Kingpins aussi. Et tant d’autres.
La sélection de Phil
Le Saphir (Montréal)
Dans toutes mes 37 années sur terre, je n’ai jamais vu personne d’aussi déçu que la fille vêtue en noir qui a franchi l’escalier pour se rendre au deuxième étage du Saphir un samedi soir au tournant des années 2010 en espérant être accueillie par la voix de Peter Murphy ou tout autre sombre troubadour qui faisait habituellement danser les gens ténébreux.
Mais non, personne ne lui avait dit que le bar avait changé de vocation et que maintenant, ça serait moi et mon colocataire Kevin qui allait être responsable de la musique. Oups.
On avait été approché avec le mandat de faire une soirée qui plairait aux jeunes qui fréquentaient les Foufs, avec un mélange de punk, rap et occasionnellement une toune de ska où deux. Jamais trois.
Malheureusement, malgré le fait qu’on faisait jouer The Middle de Jimmy Eat World au moins une fois par soirée, on n’a jamais réussi à se bâtir une audience. Après six semaines, où on avait en moyenne 11 clients, la plogue a été tirée et la soirée goth est revenue en force. Par contre, le bar a fini par fermer ses portes peu de temps après.
Le Forum d’Edmundston
En plus d’être l’hôte des Eskimos d’Edmundston qui évoluaient dans le circuit de hockey Roger Lizotte, le forum d’Edmundston était aussi un hub culturel dans la république de Madawaska.
C’est là que chaque mois de mars, tous les jeunes de la région se rendaient au Salon de la jeunesse pour recevoir des condoms gratuits et pour se faire solliciter par les cadets de l’air. C’est aussi là qu’avait lieu le salon de la forêt, où tu pouvais recevoir une règle en bois avec le logo d’Irving dessus.
Mais c’était surtout le spot pour voir des shows. C’est là qu’un jeune Philippe Dufour a vu un de ses premiers spectacles, c'est-à-dire, le hometown hero Roch Voisine qui faisait son grand retour dans la région après avoir conquis la France.
Bien qu'aujourd'hui, la bâtisse a été démolie et sur le terrain se trouve un Pharmaprix, certains prétendent que si vous écoutez bien, vous pouvez toujours entendre Darlin’ ou La légende d’Oochigeas par des soirs d’été.
Café L’Inco (Montréal)
Le Café L’Inco c’était un spot cool pour aller voir des shows hardcore. C’était aussi un spot ou occasionnellement, des gars creepy dans la trentaine avec des stretchs arrivaient avec des filles pas mal plus jeunes. Il laisse derrière lui un legs compliqué.
La sélection d’André
Bar Chez Joss (Sorel-Tracy)
Le souvenir est flou, mais il me semble que Chez Joss était situé sous un salon de quilles, que c’était un dive bar comme tant d’autres de jour et un endroit où «carter» les kids était comme laver les latrines: une chose rare. Moult bands punk locaux s’y sont cassé les dents… ainsi que le groupe suédois Randy il me semble. Certainement un souvenir impérissable de leur carrière. hein!
Le Divan Orange (Montréal)
Cette disparition pince encore. Carrément, même, parce que cet après-midi à monter des poches de linge au deuxième étage de l’immeuble (dans l’espoir que ça assourdisse la musique puis calme la personne au troisième qui mitraillait la salle de spectacles de plaintes de bruit) a sûrement contribué au pauvre sort de mon dos à ce jour.
M’enfin, le Divan Orange, c’était une centrifuge de talent. On pouvait y voir des artistes locaux avant qu’ils explosent auprès du grand public, voire à l’étranger (puis, ils y revenaient, pour le street cred, certes, mais aussi l’affection qu’ils et elles avaient pour l’endroit). Des groupes internationaux, dont Fleet Foxes (c’était un big deal avant que Father John Misty s’en détache, faut dire), ont également foulé ses planches.
C’était aussi des soirées dansantes thématiques pas barrées du tout allant du funk au soul (j’ai sué à des endroits où je ne savais pas qu’on pouvait suer lors des événements Mess Around, d’ailleurs). C’est aussi plusieurs souvenirs agréables et anecdotes gênantes qui me reviennent en tête au verre de trop.
Good times, bref.
Le Loft (Montréal)
En bon ado de la Montérégie, je passais mes mardis soirs au Loft, bar plutôt douchebag d’habitude qui dérogeait de sa direction musicale en creux de semaine pour laisser entrer la gent à colliers de billes.
Le mardi, c’était la soirée rock alternatif, bref.
On y employait aussi des portiers qui, visiblement, avaient de la misère en calcul mental lorsqu’ils prenaient le temps de «carter» les client(e)s (fait rare, faut dire).
Encore une fois, c’est la foire côté souvenirs, petite délinquance et piteux exploits, dont mon achat d’une «carte de membre» qui me permettait de passer devant la file et de ne pas payer au vestiaire. La semaine d’après, la bande décidait que Le Loft avait fait son temps. J’aimerais dire que c’était mon seul achat inutile de mon enfance, mais ma chemise de bowling (c’était l’été où tout le monde aimait le swing) prouverait le contraire.
Oh pis le monde virait complètement coco banane quand c’te toune jouait finalement…
🎶 Avant de partiiir 🎶
La thématique de la semaine prochaine est une surprise (dans le sens qu’on ne sait pas encore).
Bon vendredi!
L'arlo 💔
Je n'aurai fréquenté qu'un seul de ceux-là, mais il y a eu quelques années où j'y étais presque tous les soirs. Sa longévité - plus 25 ans - donnait d'ailleurs lieu à un curieux phénomène : il y avait plusieurs générations d'anciens de l'arlo, qui l'avaient fréquenté à des époques différentes, et qui disaient tous avoir été là « dans le temps », sans qu'il se connaissent tous entre eux.
Le bar était par ailleurs reconnu pour son impressionnante discothèque de vidéoclips ; le proprio enregistrait les postes qui en diffusaient en continu, et le staff de VJ était aussi crucial que les barman.
Côté musique live, il y avait les fameux mercredi rock garage, où se sont produits absolument absolument tous les groupes qui jouaient dans un local à québec , et pas mal de bands canadiens qui étiraient leurs tournées trop loin dans l'est (ou qui s'en allaient en Ontario pour ceux qui faisaient le chemin en sens inverse). Un band de cinquième zone dans lequel je jouait a ainsi fait la première partie d'un band de winnipeg, mais finalement leur vanne a resté pris dans une tempête de neige, et finalement on a fait le headline, ce qui était pas plus mal vu que personne ne connaisait le band et qu'il n'y avait que nos amis dans la salle. Great days.
Il y a une page souvenir avec pas mal de matériel visuel ici : https://www.facebook.com/LArlequin.virtuel