10 chansons par des fratries
Des combinaisons de frères, de sœurs de cousins pis de cousines, mais pas dans le sens "catégorie de PorhHub" de la patente...
Le mot et la sélection de Steph
Ah! C’est beau la fraternité!
Pourtant, les combos rock s’avèrent souvent le portrait type de la famille dysfonctionnelle. Alors imaginez quand vous mêlez votre vraie famille à ça…bonjour la pagaille! À ce titre, peut-être que Sonny et Erik de 2Frères demeurent à tout jamais l’exception qui confirme la règle…
Heureusement, ça donne aussi bien souvent de très bonnes chansons (pas toujours, on le sait). Et ce n’est pas un phénomène né avec les Jonas Brothers. La famille Soucy avait déjà tracé les sillons de la musique en famille (OK, je vous le concède, c’est un exemple douteux).
Souvent, il est vrai, on entend des histoires d’horreur sur des parents tyranniques voulant que leur progéniture emprunte les sentiers de la gloire qu’ils n’ont pas su fouler eux-mêmes. Et on s’entend qu’une toune entonnée par les membres d’une même famille, c’est une grosse partie de marketing qui est déjà enclenchée. On n’a qu’à penser à la défunte émission Un air de famille de Radio-Canada (décidément, mes exemples ne s’améliorent pas).
Tout ça pour dire qu’on y va de notre petite sélection consacrée aux fratries dans les groupes musicaux.
Pour vous, mes frères (et soeurs)!
Don’t Look Back In Anger d’Oasis
OK. Pourquoi ne pas commencer la thématique avec l’exemple type de frères qui nous donnent le meilleur d’eux-mêmes en musique et le pire en attitude.
Je crois encore à ce jour que les deux frangins Gallagher savaient très bien ce qu’ils faisaient en s’insultant à coup de grands titres dans les tabloïds. Après tout, quand les têtes d’affiche de la britpop s’en sont allées, Liam et Noel n’avaient qu’eux-mêmes à enguirlander.
Depuis leur séparation, sur scène et au party de Noël semble-t-il, les rumeurs surgissent à tout moment sur les possibilités d’une réconciliation d’Oasis et une série de concerts résultant des suites de ces retrouvailles. Avec les années, le cadet (Liam) semble le désirer davantage que l’aîné (Noel).
Mais ne focaliser que sur leurs querelles légendaires et autres enfantillages, c’est oublier que la voix du chanteur a su porter les plus belles mélodies du compositeur.
Certes, les projets post-Oasis ne sont pas dénués d'intérêt, mais rien ne remplace Oasis.
You Really Got Me de The Kinks
Bien avant les frères querelleurs de Manchester, deux frérots londoniens de la British Invasion des années 60 défrayaient aussi plus souvent qu’à leur tour les manchettes des tabloïds. Leurs noms? Ray et Dave Davies.
Comme les Gallaghers, le génie créateur a favorisé l’aîné. Soit Ray.
Comme leur relation et leur bonne entente s’étiolaient sans cesse avec les années, la carrière des Kinks — malgré des hits gravés à jamais dans le patrimoine rock anglais, voire mondial, comme You Really Got Me, All Day And All of The Time, Dedicated Followers Of Fashion, Lola et combien d’autres , — a connu des soubresauts douloureux.
Transport en commun de Danger
Trêve de cas familiaux à problème, passons à une famille de Pointe-aux-Trembles qui nous a donné le premier groupe punk du Québec. Danger, mené par les frères Pierre Bellemare au chant et Paul Bellemare à la guitare, nous a donné des classiques encore trop méconnus de la chanson d’ici comme Transport en commun (L’amour dans le métro).
Et les Bellemare engendreront aussi les projets suivants : Dédé Traké (mené par André, un autre membre de la fratrie qui n’était pas dans Danger) et les Frères à Ch’val (avec Polo).
Cannonball de The Breeders
Assez de messieurs, bienvenue aux dames avec les sœurs Kim et Kelley Deal.
Certes, les filles ont souvent été à couteaux tirés pour mieux se retrouver sur scène ou en studio par la suite, mais elles nous ont tout de même donné des airs canons (Cannonball, notamment), mais aussi No Aloha, Saints et Happiness Is A Warm Gun, cette imparable reprise de vous-savez-qui.
Longtemps perçus comme un side project de Kim Deal par rapport aux Pixies, techniquement les Breeders ont existées avant, car les sœurs jouaient déjà sous ce nom alors qu’elles étaient ados.
La sélection de Phil
I Just Wanna Stop de Gino Vannelli
Dans cet incontournable du yacht rock, signé Gino Vannelli, le crooner ouvre la pièce avec une référence à Montréal. Eh oui, Toronto a Drake, et nous, on a Gino.
Né dans les années 50, Gino a toujours été un homme de famille. Au point où, quand il a quitté le 514 pour La La Land, il a amené son frère Joe avec lui.
C’est donc logique que le sixième album du chanteur soit nommé Brother To Brother, parce qu’en plus de Gino et Joe, on peut aussi y entendre Ross Vanelli chanter en backup. C’est aussi lui qui a écrit I Just Wanna Stop, le plus gros hit de Gino en carrière.
…
C’est important de noter que Ross est le seul des trois qui n’a pas sa propre page Wikipedia.
Étienne d'août de Malajube
Malgré sa très grande popularité, Malajube n’a jamais cessé de feeler comme un petit secret spécial pour ses fans. Même aujourd’hui, plus de 15 ans plus tard, il y a encore quelque chose de très intime à propos de Trompe-l’œil. Comme s'il avait été écrit pour moi. Tout particulièrement Étienne d'août.
J’imagine que je ne suis pas le seul.
Le vidéoclip de la pièce, réalisé par Louis-Philippe Eno reste un de mes préférés de toute l’histoire du médium.
…
En passant, dans Malajube, il y a des cousins. C’est pourquoi je vous en parle aujourd’hui.
The Sparks Brothers
Les frères Ron et Russell Mael sont deux bonshommes assez particuliers. Ça serait vraiment difficile d’expliquer l'œuvre de Sparks, leur duo musical, à quelqu’un qui ne les connaît pas.
Et, malheureusement, c’est beaucoup de monde.
Par contre, en 2021, le réalisateur Edgar Wright a fait le saut vers le monde du documentaire en tentant de résumer l'irrésumable.
C’est en regardant The Sparks Brothers qu’on se rend compte que ce groupe sous-estimé à quand même inspiré pas mal de monde, de Beck, à Björk, en passant évidemment par Weird Al.
La sélection d’André
Stef II d'Indochine
On va le dire d’emblée: j’ai une relation amour-haine avec Indochine.
J’aime l’essentiel de son oeuvre. Nicola Sirkis est toujours le fun en entrevue (eh oui), mais leurs fans, sauf quelques rares exceptions - allô Valentine! -, sont absolument insupportables. J’évite donc de parler de ma fascination pour le combo sur le Web de peur d’attirer des incels tout de cuirette vêtus.
Dans le contexte de notre thématique, toutefois, Stef II me paraissait incontournable alors j’ai pilé sur mon orgueil.
Pourquoi? Parce que c’est la dernière maquette que Stéphane Sirkis - le frère jumeau de Nicola - a laissé au groupe avant de décéder (certains disent d’une maladie, d’autres d’une surdose… en tout cas). La pièce a finalement été endisquée quelques mois pour Dancetaria.
Le vidéoclip étant un peu cringe (disons que ça fait plus t.A.T.u/male gaze que queer friendly), j’ai opté pour une version live captée pendant la tournée Paradize qui, en prime, sonne moins cheapette que sur l’album.
Walk Unafraid de First Aid Kit
Dans le guide sur l’accouchement, on recommandait de préparer une liste d’écoute pour rendre le tout plus agréable pis la mère de mon enfant avait préparé de quoi de très folk, très doux jusqu’au moment où on s’est rendu compte, entre deux poussées, que notre enfant allait naître sur… Don’t Stop Believing de Journey.
Le souvenir est flou, mais il me semble que la sage-femme et moi avons échangé un regard amusé. Julie allait se justifier, mais le travail a repris et, au moment où notre fille est finalement née, iTunes avait finalement enchaîné avec du First Aid Kit. Ouf!
Comme on a malheureusement oublié c’était sur quelle chanson depuis, je me fais plaisir en vous offrant une vidéo des sœurs Söderberg qui reprennent Walk Unafraid de R.E.M. en compagnie de Peter Buck, guitariste du groupe culte.
Aussi à noter: la version studio de cette reprise s’est également retrouvée sur la trame sonore de Wild de Jean-Marc Vallée. Film très bon, mais qui me fascine surtout parce que le chanteur d’Everclear joue d’dans deux minutes.
It’s Halloween de The Shaggs
L’histoire de The Shaggs est fascinante. Mi triste, mi fascinante, en fait…
Trio devenu quatuor formé par les soeurs Dot, Helen, Betty puis Rachel Wiggin, The Shaggs est - à la base - un projet né sous la pression de leur père Austin qui a forcé les filles à répéter puis à endisquer (Philosophy of the World, paru en 1969) pour une raison un peu mystique et, surtout, malsaine.
L’album a tout d’abord été reçu avec une brique pis un fanal, mais a compté sur l’appui d’artistes et de mélomanes de la trempe de Kurt Cobain et Frank Zappa, notamment, au fil des décennies. Faut dire qu’il y a “de quoi” entre le rock (très) garage et la pop (très, très) twee du projet.
C’est donc beaucoup trop tard que The Shaggs a finalement trouvé son public: essentiellement des hipsters qui se shootent au second degré ou encore des gars avec des dos faiblards à force de creuser, recroquevillés, les bacs de vinyles. La preuve: Dot Wiggins a joué à Pop Montréal en 2014.
Peut-être que Philosophy of the World était juste (très, très, très) en avance sur son temps, au final...
🎶 Avant de partiiir 🎶
On y va avec une thématique qui sort un peu moins des sentiers battus la semaine prochaine, mais qui pourrait quand même froisser du monde, car on va vous proposer 10 reprises qui sont meilleures que les versions originales pis, à date, André à deux covers de Bowie…
À la semaine prochaine, les majors Tom!