10 chansons par des imposteurs (des gens qui chantent pas d'habitude, bref)
Un dude de Star Trek, une Avengers, un gars qui a joué pour Robert Lepage ET Ding et Dong. Une belle gang, quoi...
Le mot et la sélection de Phil
À un moment donné, Christian Bégin était vraiment fâché contre les non-comédiens qui avaient des rôles dans des films. Depuis, il s’est calmé pis il anime des émissions de cuisine, des talk shows pis il a même un spectacle d'humour.
Ce n'est pas nouveau. Les gens ont toujours été attirés vers d’autres domaines. Regardez Bo Jackson!
Aujourd’hui, on souligne le retour de notre infolettre en formule trio avec une édition qui s'intéresse à ce phénomène: les non-chanteurs qui décident d’endisquer des chansons.
Le beau, le laid... et le carrément bizarre.
Common People et Rocket Man de William Shatner
Common People de Pulp est sans équivoque une des meilleures chansons à avoir été écrites (si vous n’êtes pas d’accord, je suis prêt à me battre). En moins de six minutes, le groupe britannique réussit à faire un brillant portrait de la lutte entre les différentes classes sociales avec, comme point central, une bourgeoise qui rêve de pouvoir goûter brièvement à la pauvreté.
Qui serait donc la pire personne possible pour reprendre cette pièce?
Ben oui. Pour son album Has Been paru en 2004, le montréalais William Shatner, connu pour ses rôles du Capitaine James T. Kirk et celui du policier bedonnant T.J. Hooker a décidé de s'attaquer au classique brit pop.
Sur papier, ça ne devrait être pas écoutable. Cependant, le mélange de spoken word de Shatner et de la guitare déchirante de Joe Jackson donne un résultat très sympathique.
Et on s’entend que c’est mieux que sa reprise de Rocket Man d’Elton John.
My Body's A Zombie For You de Dead Man's Bones
Si on avait à imaginer dans quel type de band le comédien Ryan Gosling serait, ça serait surement dans un band cool de gars avec des vestes en cuir comme The Strokes, mais pas The Strokes de maintenant. The Strokes de 2004.
Mais non. Ryan mène plutôt le mystérieux groupe Dead Man’s Bones avec Zach Shields.
Accompagné par une chorale d’enfants, le groupe fait de la musique inspirée par les maisons hantées et les spectres.
C’est important de noter qu’ils sont aussi accompagnés par une chorale d’enfants.
Ils n’ont malheureusement sorti qu’un seul album.
Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band de Bill Cosby
Si vous avez besoin d’une autre raison pour détester Bill Cosby, notez qu’il est responsable d’une des pires reprises de toune des Beatles.
Même pire que la trame sonore de I Am Sam.
Pis ça, c’est pas peu dire.
La sélection de Steph
On peut pas tous être pauvre d’Yves Jacques
Avant de jouer dans Poivre et Sel, dans Ding et Dong le film (le fameux metteur en scène venu de France : «Crevez-le l’abcès!») et dans bien des productions de Robert Lepage, le comédien lançait le tout premier clip québécois. Et Pourri, le côté B du 45 tours d’On peut pas tous être pauvre, n’est pas dénué d’intérêt. On peut donc affirmer que 100% du répertoire d’Yves Jacques reste franchement potable.
J’ai la mémoire qui flanche de Jeanne Moreau
J’ai choisi ce classique parce que je m’identifie beaucoup aux paroles. Même au titre tout court. Mais j’aurais pu aller dans tellement de directions. La Grande Dame du cinéma français a abordé plusieurs courants musicaux des sixties avec brio. Autant du côté du soul-jazz, de la pop… même du psychédélique! Et ses chansonnettes cabaretières n’ont pas pris une ride non plus.
People Who Died du Jim Carroll Band
Avant de monter son groupe, Jim Carroll était surtout connu comme auteur, poète… et toxicomane. D’ailleurs, son autobiographie est devenue un film mettant en vedette Leonardo Di Caprio. Carroll a également pris le temps de monter un band à son nom à la belle époque du tournant des années 80 où il menait une vie de bohème à New York avec Patti Smith.
La sélection d’André
L’album des Nouveaux Prophètes
À la fin des années 90, le rap français rejoignait finalement le grand public via IAM et MC Solaar, notamment, et - évidemment - le buzz a fait remonter bon nombre d’ersatz, dont ce projet local rassemblant Paul Dubé (Laymen Twaist) ainsi que… Didier Lucien et Martin Petit.
Oui, la camaraderie transpire et on est reconnaissant que le trio n'ait pas opté pour une joke au premier degré, mais même avec une certaine nostalgie ou un désir malsain, c'est pas fort, fort. Les beats sont très liés à l'époque et à son contexte (le contexte étant «des Québécois qui tentent de faire du rap français en 1999»), sans toutefois s'en affranchir.
En fait, Dubé semble carrément reprendre des mélodies pour Laymen Twaist qui dormaient dans ses cartons (des nostalgiques d'Hervé, Mélanie et moi dans la place?).
Si Petit et Lucien sont à l'aise sur scène, ça se passe moins bien en studio, car ces prophètes ne sont pas tant convaincants (ce qui est un peu ironique lorsqu'on considère leur genre musical de prédilection où la bravade s'impose souvent).
C'est un disque de 1999 alors, évidemment, y'a des propos qui vieillissent mal. «Tout le monde veut être une star comme Gérard Depardieu» lance-t-on sur Star qui était, si je me rappelle bien, un single à l'époque.
De nos jours, pas tant.
I Don't Wanna Grow Up de Scarlett Johansson
Ça, c’est spécial.
En 2007, l’actrice lançait Anywhere I Lay My Head, un premier album complet plutôt ambitieux. C’est un LP de reprises de Tom Waits (où on a ajouté une composition originale) qui a été enregistré en compagnie de…
David Bowie (!);
Nick Zinner (guitariste des Yeah Yeah Yeahs… c’était un big deal à l’époque);
Tunde Adebimpe (chanteur de TV On The Radio… un autre big deal en 2007)
et Dave Sitek (multi-instrumentiste pour TV On The Radio et réalisateur de l’œuvre).
L’album a été reçu de façon plutôt tiède (avec raison), mais j’aime croire que c’est comme le vin pis qu’il prend du goût avec le temps… mais ça demeure un Les Jamelles, t’sais. Bref, j’y pense souvent.
Ça pis les fois où Dave Sitek, justement, jouait sur scène avec un carillon d’attaché à sa guitare pour absolument aucune raison valable outre faire son intéressant.
Daisy Bell par l’IBM 7094
Des décennies avant les discussions sur l’art et l’intelligence artificielle, les geeks se pétaient les bretelles en programmant une chanson chantée par une ordinateur scientifique, une première en 1961.
Un album complet a même été enregistré à l’aide de l’IBM 7090 (le “grand frère” de l’autre) pis c’est vraiment charmant. Les fans de Fitter Happier vont adorer.
🎶 Avant de partiiir 🎶
La semaine prochaine, on va vous proposer des chansons tirées d’albums doubles. Bonne semaine, les punks!
Vraiment dommage que Dead Man’s Bones n’ait qu’un seul album, j’ai aussi beaucoup aimé ça!
C’est aussi dommage que vous ayiez omis Jacques Villeneuve…ou pas