10 chansons sur des villes à découvrir
On y aborde aussi la 15-minute city, des règlements municipaux sur les bars de danseuses ainsi que Richard Desjardins, The Planet Smashers, Jacques Brel et plusieurs autres...
Le mot et la sélection d’André
La ville est un sujet étrangement dans l’actualité ces jours-ci via certains conspirationnistes voyant le 15 minute city comme un complot pour produire des prisons à aires ouvertes.
Oui, oui, ce concept d’urbanisme où, en gros, on tente de rassembler tous les services essentiels à 15 minutes de marche ou de vélo d’un quartier afin d’améliorer sa qualité de vie et et de rompre avec la dépendance à la voiture serait la première étape menant à des enclaves où faudrait, genre, un permis pour circuler vers les autres zones environnantes à la Hunger Game et autres niaiseries du genre. Parce que, t’sais, des développements de condos interminables au ton de gris du jour, “flippés” sur les cendres de bungalows à l’aide de promesses d’un revenu d’appoint via AirBNB pour les accrocs à la grind culture étant un plan B beaucoup plus sain et pas du tout dystopique. Oh que non..
La ville est aussi, bien sûr, un genre musical quasi en soi.
Des grandeurs de l’Empire State Of Mind d’Alicia Keys et Jay-Z du cliché du kid emo qui veut quitter sa banlieue en passant par l’hommage gênant à Montréal de Grand Corps Malade qui semble avoir été écrit par quelqu’un qui n’aurait eu accès qu’à la page Wikipédia de la métropole, la ville est un sujet riche en écueils, mais dans lequel on retrouve quelques bonnes grenailles dorées. Inspiré par une suggestion de ma blonde - «Faites un top par ville! Montréal, Québec, Trois-Rivières! Ça va plus intéresser le monde que tes anecdotes sur R.E.M., André!» qui sera ajustée par le nombre malingre de chansons sur la perle de la Mauricie, on s’est dit qu’on allait au moins commencer par aborder les tounes inspirées de villes d’ici et d’ailleurs avant de cerner certains territoires.
Bon pèlerinage!
Ginette de Beau Dommage
Michel Rivard est un visionnaire.
Comme Sorel-Tracy, depuis les années 90, interdit la présence de bars de danseuses sur son territoire, c’est probablement pour ça que le ménestrel a spécifié que sa Ginette officiait dans un motel dans l’bout de la ville de l’acier et non pas carrément pas dans mon fief.
Michel Rivard, grand de la musique… et fin connaisseur des règlements municipaux entourant les bars de foufounes, visiblement.
Philadelphia de Neil Young
Pour une raison qui m’échappe - outre le buzz autour du film - je m’étais procuré la trame sonore de Philadelphia dès sa parution. Au risque de trahir mon âge, ce n’était pas un achat en vogue chez les ‘tits gars joufflus de 14 ans, mettons. Outre la fameuse toune de Springsteen, on y retrouve également Philadelphia, une proposition de Neil Young qui m’a carrément crissé à terre.
Accompagné de quelques notes de piano et de sa voix de vieille madame, il se glisse dans la peau du personnage interprété par Tom Hanks, un avocat gai qui poursuit son employeur qui l’a renvoyé après avoir appris qu’il souffrait du sida. Il y a de quoi d’incroyablement beau et triste dans l’interprétation de Young qui joue carrément un personnage «dealant» avec ses derniers instants.
De mémoire, je crois que c’est la première chanson qui m’a fait pleurer et, vous l’aurez deviné, c’est pourquoi je l’évite depuis.
(Don’t Go Back To Rockville) de R.E.M (idéalement la version VH1 Storytellers)
L’originale est quand même sympathique avec son ‘tit beat country, mais c’est vraiment qu’en 1998, près d’une quinzaine d’années plus tard, que le groupe culte allait en tirer de quoi d’incroyable pour une captation de concert pour VH1. Sur cette adaptation, le bassiste Mike Mills - plutôt que le chanteur Michael Stipe - l’interprète au piano et la transforme en ballade poignante.
Pour revenir à notre thématique, Rockville est une ville du Maryland qui, à l’époque, en arrachait pas mal. La chanson se voulait une complainte de Mills - qui signe également le texte - pour dissuader sa blonde de retourner dans sa ville natale après ses études universitaires, déménagement qui mettrait aussi un terme à leur relation. Évidemment, ça vient également remuer notre propre relation à notre patelin par la bande.
PS: Si la vidéo ne démarre pas sur la pièce, placez le curseur YouTube vers 1:02:09.
Jersey de Granville
Granville a lancé un seul disque, parfait d’un boutte à l’autre, est venu aux Francofolies une seule fois pis a tiré la plogue tout de suite après avant de connaître le zénith de sa carrière puis l’effroyable descente vers les critiques de 3,5 étoiles sur 5. Granville, c’est du edging pop rock, bref.
Le clip trahit son époque - très Wes Anderson en carton, en effet - mais je vous jure que le LP est bon et est une trame sonore parfaite pour partir à l’aventure loin de votre 15-minute city, justement.
Côté thématique, on fait référence ici à une île britannique située tout près de la France et tout particulièrement de Granville (le groupe ET la commune française dont il tire son nom). Une destination vacances pour notre trio, bref.
La sélection de Steph
Chapel Hill de Sonic Youth
Même si je ne mettrai probablement jamais les pieds dans cette ville de la Caroline du Nord, cette pièce par sa construction m’envoûte depuis la première que je l’ai entendue sur ma cassette de l’album Dirty achetée au HMV du centre-ville. Tout ce dont Sonic Youth est capable se retrouve sur Chapel Hill : des arpèges mélodieux, du feedback et de l’excellent vocal.
…Et j’ai couché dans mon char de Richard Desjardins
Un jour, quand je retournerai à Rouyn, je me promets de prendre une chambre à Capri en espérant y retrouver les brûlures sur le tapis. Comme je risque de m’y rendre en autobus, je ne pourrai pas coucher dans mon char, mais je veux quand même voir le jour se lever sur la ville.
Nathalie de Gilbert Bécaud
Délicat de ramener une chanson sur Moscou par les temps qui courent, mais Bécaud chante surtout les vertus de son guide moscovite qui porte le nom de la chanson. Bien sûr, quand il dit «elle parlait en phrases sobres», on devine qu’il va faire rimer ça avec «Octobre» mais ça reste tout de même bien foutu comme paroles. Et j’ai découvert ça à l’université quand je tripais sur une Nathalie dans ma classe.
La sélection de Phil
Istanbul (Not Constantinople) de They Might Be Giants
Comme plusieurs personnes de mon âge, j’ai découvert They Might Be Giants grâce à l’émission Tiny Toons Adventure, qui donnait beaucoup de place à la musique. C’est aussi là que j’ai découvert l’existence de la ville d’Istanbul.
Un clip animé pour la chanson Istanbul (Not Constantinople) s’est retrouvé dans l’épisode Tiny Toon Music Television, qui parodiait MTV. On aurait pu croire qu’une reprise d’une pièce swing humoristique des années 50s évoquant la chute de l’Empire byzantin n’aurait pas plu aux enfants.
Et pourtant.
Ça a visiblement plu puisque, quelques années plus tard, They Might Be Giants s’est recyclé en groupe pour enfants.
Vesoul de Jacques Brel
Jacques Brel est rarement plus agité que sur la pièce Vesoul. Sur ce morceau paru en 1968, l'abbé Brel reproche à sa blonde de toujours décider de tout, tout en faisant des allusions creepy à vouloir voir sa sœur. Mais sinon, c’est quand même une grande pièce.
Pour ce qui est de Vesoul, je n’avais aucune idée d’où ça se trouvait avant l’écriture de ces lignes. Selon Wikipédia «Vesoul est une commune de l'est de la France, préfecture du département de la Haute-Saône en région Bourgogne-Franche-Comté et chef-lieu de cantons et d'arrondissement.»
Si jamais un jour ma femme veut voir Vesoul, on verra Vesoul.
Surfin’ in Tofino de The Planet Smashers
Le Canada est connu pour beaucoup de trucs: le chocolat Laura Secord, Kim Mitchell et un vieil orteil momifié dans une bouteille d’alcool fort.
Par contre, quand on pense au Great White North, on ne pense pas nécessairement au surf. Ce n'est pas exactement la Californie. Pourtant, la petite ville de Tofino en Colombie-Britannique est considérée comme une des meilleures places pour faire du surf en eau froide AU MONDE.
Le groupe montréalais The Planet Smashers lui a d’ailleurs rendu hommage avec la pièce Surfin’ in Tofino sur son album Life of the Party en 1999. C’est devenu l’un de leurs fans favorites lors de leurs shows.
🎶 Avant de partiiir 🎶
La semaine prochaine, on devrait être moins loquaces, car on va aborder dix chansons instrumentales l’fun.
Ça serait peut-être meilleur que d’habitude, qui sait?
À la semaine prochaine, les punks!
PS: Désolé pour l’envoi tardif. Grosse semaine à la job et en général. C’est entièrement ma faute. - André