10 compilations à (re)découvrir
Le mot et la sélection de Steph
Parfois boudées par les collectionneurs, les compils ont longtemps été la porte d’entrée vers des genres musicaux qui nous ont finalement marqués à jamais. Bien avant les listes d'écoute, elles nous faisaient découvrir toutes sortes de bands dont on n’avait jamais entendu parler tout en nous initiant à un son, un genre, une scène…
Car on insiste ici : il s’agit bel et bien de compilations réunissant des groupes ou artistes différents. Les compils consacrées qu’à un(e) seul(e) interprète, par exemple, seront à considérer pour une infolettre future.
Pour le moment, on s’en tient qu’aux disques compilations tellement bons d’un bout à l’autre qu’on les a écoutés plusieurs fois dans l’ordre ou le désordre.
Rumble Garage Beat 66-67
Dans le garage sixties fuzzé à souhait, il y aurait tant et tant de parfaits exemples du côté de Back From The Grave ou Pebbles. Mais pourquoi pas un brin de chauvinisme en choisissant plutôt ce joyau du garage québécois des plus authentiques ? Des vrais bands de ti-culs qui jouent tout croches pour notre plus grand plaisir.
C’est tellement cool que même les Secrétaires Volante reprenaient J’en ai assez des Dabsters en show. Et quelle meilleure pièce que Montréal, de toi j’ai rêvé du Comte Richard Valente pour conclure la patente!?
Cé l’fun au boutte
À ranger tout de suite dans la catégorie «oh que ça ne passerait pas aujourd’hui».
Certes, ça déborde d’un humour plus que douteux à bien des égards (oui, c’est à la fameuse toune de Paolo Noël qu’on pense.), mais en majorité, les chansons comiques qu’on y retrouve ne devraient pas offenser quiconque.
Le plus étonnant c’est que cette production québécoise de 1975 est parvenue à réunir des noms comme Nino Ferrer, Sacha Distel et Joe Dassin aux côtés des Québécois Réal Giguère, les Jérolas et Patrick Zabé.
Le vinyle peut encore se trouver dans les ventes de garage ou dans les sous-sols d’église.
Let Them Eat Jelly Bean
Initiative de Jello Biafra lui-même, cette compil essentielle pour bien connaître le hardcore américain des années 80 se voulait une réponse à l’élection de Ronald Reagan aux plus hautes fonctions des États-Unis. Le titre vient du fait que Ronnie appréciait par-dessus tout ces friandises. On note aussi la référence à Marie-Antoinette et les brioches…
Et ça reste une belle manière de s’initier aux Black Flag, D.O.A., Dead Kennedys(bien sûr!), Circle Jerks de ce monde.
Select Magazine
Ces fameuses cassettes fournies gratuitement avec le défunt magazine britannique Select s’avéraient souvent le passage obligé pour montrer que vous aviez découvert le britpop avant tout le monde! Mais elles ne se contentaient pas d’aligner bêtement les groupes londoniens ou mancuniens au goût du jour. On suggérait aussi bien les Clash que les Byrds pour montrer l’étendue des influences ayant mené à Blur, Manic Street Preachers, Pulp ou Suede.
En 1993-94, rien n’égalait ces cassettes pour montrer aux autres cégépiens qu’il y avait un monde en dehors de Seattle.
La sélection d’André
Lofi hip hop radio - beats to relax/study to
OK. Je triche. C’est plus une radio en ligne. En fait, c’est une chaîne YouTube qui diffuse en continu des beats hip-hop lo-fi depuis février 2017.
Cinq ans plus tard, la chaîne rassemble plus de 10 millions d’abonné(e)s qui en pincent pour de la musique qui s’ignore bien lorsqu’on veut étudier ou se détendre. C’est une trame sonore pour combler le vide, c’est du bruit blanc pour meubler la maison. C’est un ‘tit peu d’endorphines. Juste assez. Pas trop.
La popularité d’un courant artistique dont la prémisse est essentiellement « ça va être bon, mais pas assez pour capter votre attention » me fascine à ce jour.
Ce propos se retrouve même dans l’animation en boucle qui accompagne les musiques. D’un extrait du film Whisper of the Heart, Lofi Girl évite de nouvelles plaintes pour atteinte au droit d’auteur avec un extrait animé original, mais calqué sur l’original des studios Ghibli. « C’est beau, mais pas unique. Ça fait la job, bref. »
Vous l’aurez deviné, j’en ai abusé pendant le peak de la pandémie.
Alec Eiffel des Get Up Kids (tirée de Where Is My Mind: A Tribute To The Pixies)
Bien que c’est difficile de se tromper avec une aussi bonne base qu’est la discographie des Pixies, Where Is My Mind surprend par la qualité des reprises.
Avant de nous faire souffrir avec son Teal Album, Weezer y allait d’une reprise relevée de Velouria.
Eve 6 (oui, oui, EVE FUCKIN’ 6) étonne ici avec son adaptation sympa d’Allison.
Reel Big Fish se casse la gueule avec son Gigantic, certes, mais propose quand même de quoi qui va à l’encontre de son casting habituel (c’est pas du ska, bref). Un ‘tit morceau de bravoure, même.
Sérieux, c’est difficile de s’arrêter sur une seule toune alors j’ai opté pour ma préférée du lot (qui n’est pas pourtant pas si éloignée du matériel habituel des Kids).
Donne-moi ma chance de Lisa LeBlanc et Patrick Bourgeois (tirée de Les duos improbables 2)
Vous l’aurez deviné, cette série de La Tribu rassemble des artistes qui — sans l’intervention du label — n’auraient probablement jamais collaboré.
Déjà que, dès la parution du LP, le tandem LeBlanc et Bourgeois charmait avec cette reprise intimiste des BB, Donne-moi ma chance prend du gallon — des années plus tard —, nostalgie aidant.
C’est une tasse de chocolat chaud pour l’âme, c’te duo, j’vous dis.
Aussi à noter: après m’avoir volé mon titre de fils prodigue de Sorel, Éric Salvail en rajoute ici en s’appropriant une de mes chansons préférées à vie (Fais-moi une place de Julien Clerc, qu’il chantonne ici avec Ingrid St-Pierre).
La sélection de Phil
Stacy’s Mom de Fountains of Wayne (tirée de Now That’s What I Call Dad Rock)
Depuis les années 80, la série de compilations Now That’s What I Call Music recense ce qui se passe dans la musique pop. Au cours des années, on a eu droit à quelques hors-séries, comme Now That’s What I Call Christmas, Now That’s What I Call Love et Now That’s What I Call Reggae.
Cependant, celui qui a le plus fait badtripper les mélomanes est sans doute celui datant de 2018.
Si, traditionnellement, l’étiquette dad rock était réservée à des artistes comme Eric Clapton, Queen et Boston (tous des artistes qui se retrouvent sur la compil'), on retrouve aussi quelques morceaux qui, comme on dit, nous font prendre un sacré coup de vieux.
Mr. Brightside des Killers?!?
Stacy’s Mom de Fountains of Wayne?!?
COMPLICATED D’AVRIL LAVIGNE?!?!?!?!
Je me souviens d’écouter ces titres sur les ondes FM à leurs sorties. Et je ne suis pas assez vieux pour être un dad!
C’est ma vie d’Adamo (tirée de Le lait, l’album blanc)
Boire un verre de lait, c’est assez dégueulasse.
C’est pour ça que de grosses agences de pub ont dû travailler très fort pour rendre ce liquide extrait des vaches attrayant. Dans les années 90, sous le slogan «Jamais sans mon lait», les producteurs de lait du Québec ont fait paraître une série de pubs, tirant sur nos cordes nostalgiques avec trame de fond des classiques du répertoire francophone.
En 2000, pour souligner le succès de la campagne, un album regroupant les titres entendus dans les pubs s’est retrouvé sur les tablettes. Deux autres compilations de lait sont sorties dans les années suivantes. C’est probablement en entendant cet album dans le lecteur CD de la voiture de leurs parents que beaucoup de milléniaux québécois ont entendu Gilbert Bécaud pour la première fois (en dans plusieurs cas, la dernière).
Missing You de John Waite (tirée de Cool Rock)
«Musique Mystique présente Cool Rock.»
Si vous êtes un enfant de la télé, cette seule phrase risque de déclencher un medley dans votre tête rassemblant REO Speedwagon, John Waite, Wilson Phillips, Cutting Crew, Joe Cocker et Jennifer Warnes, Taylor Dane, Glass Tiger, Club Nouveau et Dionne Warwick.
Si vous n’avez jamais vu cette pub mythique… désolé !
🎶 Avant de partiiir 🎶
Sortez vos imperméables et chapeaux rouges, car on fait le tour du monde avec une sélection de dix chansons qui abordent des villes. À date, on a deux chansons à propos de Philadelpĥie, une autre qui parle de Sorel (évidemment) pis une ritournelle qui aborde à la fois Istanbul et New York.
À la semaine prochaine, Carmen Sandiego!