10 nouvelles chansons pour lancer 2025, une année qui s'annonce... imprévisible!
Au programme : Mac Miller, Pup, Ethel Cain, Gus Englehorn, la fille du chanteur de Depeche Mode, Lebza Khey en collaboration avec Connaisseur Ticaso, deux reprises de Chappell Roan et encore plus!
Elle est où la limite?
Quelle est la date où se souhaiter «Bonne année!» est socialement inacceptable?
Je trace une ligne dans le sable : c'est le mardi 14 janvier cette année.
Votre collègue qui a pris une semaine de vacances dès janvier a donc une journée pour se faire un blitz de courriels ET vous dire ce qu'il a aimé ou pas du Bye Bye.
Pour cette première édition de Lecture aléatoire de 2025, il n'y aura pas de volet thématique. Comme partout ailleurs en ce début de 2025, on va miser sur la nouveauté. Je vais donc vous proposer une dizaine de chansons récentes : cinq d'ici, cinq d'ailleurs.
En revanche, l'introduction sera un brin longuette. Dès la semaine prochaine, je vous promets que je reviendrai à la formule habituelle : short, sweet, ponctuée d'humiliations en guise de forme d'humour.
Pour celles et ceux qui se demandaient si ma référence au Bye Bye serait une excuse pour aborder la fameuse pub de Coca-Cola où des artistes locaux de tout acabit (sensations du moment, légendes vivantes; le fruit d'un brainstorm fructueux, quoi) se désaltèrent tout en rendant hommage à Jean-Pierre Ferland, vous vous méritez une étoile. Voici donc : ⭐
Hey boule de gomme, serais-tu devenu un Coke?
J'imagine que c'est le nostalgique ou le naïf en moi, mais l'association entre des artistes (des gens inspirés, mais surtout inspirants), le décès de Jean-Pierre Ferland pis un hommage qui pue la campagne de sympathie pour une entreprise hautement controversée laisse un profond malaise.
À la limite, Dan Bigras peut se conforter en se disant que ses annonces de gros trucks, ça «passe» car ledit gros truck peut être «pratique» pour certaines personnes. Mais c'est quoi les retombées positives d'un Coke, Louis-Jean, outre le chèque?
Coke, c'est le plus grand pollueur de plastique au monde. Coke, c'est des dons à des organismes sionistes. Coke, c'est un employeur aux tactiques dégueulasses. Coke, c'est beaucoup trop de sucre, voyons!
T'sais, à la limite, des pubs du genre, c'était rigolo à l'époque d'«Aujourd'hui, c'est Pepsi». On pouvait au moins prétendre ne pas connaître l'étendue des pratiques d'un mécène. Mais de nos jours? Alors qu'on croule sous l'information et que chaque dollar reçu et dépensé est un vote en soi? Ça laisse un mauvais goût dans la bouche même si l'idée est bonne, avouons-le.
Pis vous? Vous en avez pensé quoi?
Loin de moi, toutefois, l'idée de lancer la première pierre.
Un, je ne suis pas le premier et, deux, je suis toujours abonné à Spotify, une entreprise tout aussi controversée et, étrangement, moins généreuse envers les artistes que Coca-Cola au final...
Sale temps pour les artistes
C'est aussi à la fin de l'année 2024 qu'on apprenait que Spotify - et sûrement d'autres services du genre - fourre de plus en plus les musiciens et musiciennes en privilégiant des «artistes fantômes» plutôt que des noms établis sur ses listes d'écoute officielles afin de limiter ses paiements en redevance.
Exit, par exemple, Brian Eno d'une liste d'écoute de musique chill bien en vue au profit de pistes d'artistes sans aucune présence web, liés à des labels qui font dans la musique libre de droits et à l'imagerie - pochettes de singles, etc. - qui fait très intelligence artificielle. D'où l'appellation «fantômes».
Pire encore, comme le fait valoir la musicienne Queen Kwong, quitter la plateforme ne serait pas le remède miracle. Cette pratique cacherait, en fait, un plus grand problème :
«Le streaming a transformé la musique en remplissage. Quelque chose pour atténuer le silence plutôt que quelque chose avec lequel [on doit faire de l’écoute active]», note-t-elle.
Plus loin, elle souligne que, comme les mélomanes sont plus passifs lorsqu’ils écoutent de la musique sur les plateformes, il est plus facile pour l'algorithme de leur fourguer des pistes d'artistes fantômes; limitant ainsi la découverte. Une pratique qui va jusqu’à décourager l’envie de prendre des risques. Ce qui mène ensuite à de musique en conserve.
«Le problème est que, lorsqu’il n’y a aucune incitation financière à prendre des risques, les risques ne sont pas pris. Et quand on ne prend pas de risques, on n’obtient pas de grand art», ajoute-t-elle par la suite.
À défaut d'une résolution, allons-y d'un souhait pour 2025 : que le marasme environnant fasse en sorte que des artistes prendront davantage de risques musicaux pour nous inspirer... sans toutefois s'associer à des entreprises aux pratiques incroyablement douteuses pour y arriver.
Assez divagué. Passons justement à des tounes récentes, inspirantes et risquées!
Nouveautés à (re)découvrir
Yass Queen de Noochloot
Ciné-cadope, c'est le premier maxi de l'alter ego beatmaker du rappeur local Filigrann (K6A, Word-Up Battles, etc.). Paru à la fin de 2024, le projet s'inspire - comme son titre l'indique - de trames sonores de classiques de Ciné Cadeau. C'est nostalgique, mais pas si racoleur. J'ai adoré.
BEAUTIFUL TWENTYSOMETHINGS de STELLA ROSE
Quand j'étais à l'école primaire, mon meilleur ami avait une sœur aînée qui me gardait parfois. J'en étais, bien évidemment, follement amoureux (du moins, je croyais). C'est à cette époque que j'inaugurais mon plus grand hit : André en pince pour une fille inaccessible. Un succès maintes fois remixé depuis.
Bref, ma gardienne de l'époque - je ne peux même pas vous donner son prénom tant son prénom est unique - capotait sur Depeche Mode. D'où mon premier ennemi juré : le chanteur Dave Gahan.
Des années plus tard, Dave et moi avons fait la paix (dans ma tête, du moins) et sa fille Stella Rose s'apprête à lancer un premier album (avis aux intéressé[e]s, ça sort en mai). À la fin de 2024, elle proposait un maxi sur lequel on retrouve cette chanson et non seulement ça sonne comme du Depeche Mode, mais la chanteuse va jusqu'à reprendre les soupirs haletants de son paternel entendus sur Personal Jesus.
Népotisme oblige, j'espérais haïr ça avec passion, mais c'est bin correct au final.
Prêt à emporter! (HOT TO GO!) par Nick!
Fidèle à son habitude, l'étiquette punk et rock montréalaise Slam Disques y va de la neuvième édition de sa compilation Zoo où ses artistes s'en donnent à cœur joie pour reprendre des classiques d'ici et d'ailleurs, toutes époques et tous genres confondus. Seule constante : en français, s'il vous plaît.
L'inévitable reprise de Chappell Roan revient donc à Nick!
En parlant de Chappell Roann, il y a aussi Franz Ferdinand qui a repris Good Luck, Babe! pour la BBC il y a quelques semaines. C'est une excellente refonte. À découvrir ici!
Paranoid de Pup
Est-ce que le premier extrait de l'album à venir (en mai selon la rumeur) du combo punk rock canadien annonce un retour à ses débuts plus rough? À suivre! Perso, je n'accroche pas encore, mais le vidéoclip accompagnant la pièce vaut le détour.
Véritable tour de force, voire un pied de nez aux lyrics videos paresseux, Paranoid repose essentiellement sur des paroles souvent captées en temps réel. En gros : le texte de la pièce se retrouve inscrit sur des murs, t-shirts et autres surfaces au beau milieu d’un tournage en pleine prestation du groupe. Bon flash!
Jaune gazette de Jip Less
Troubadour local, Jean-Philippe Lessard inaugure l'année avec un morceau folk rock qui aborde la grisaille planétaire actuelle.
Musicalement, le morceau fait très Leloup des premiers jours rencontre Jim et Bertrand, tout en demeurant contemporain (dans ma tête, ç’avait du sens comme descriptif, bon).
Aussi à souligner : le retour de l'expression "mes vieux!".
Amber Waves d'Ethel Cain
Qu'est-ce qu'on fait quand, du jour au lendemain, on passe d'artiste indie à chouchou de Barack Obama via une pièce devenue virale?
On sort une ballade folk aussi lancinante qu'happante de 11:32, bien sûr, et c’est mon morceau préféré des derniers jours.
Étrangement, ça devrait aussi rassembler les weirdos qui trippent sur le post-rock que les weirdos qui capotent sur Sigur Rós.
Metal Detector de Gus Englehorn
À quelques semaines de la parution de son nouvel album The Hornbook (dans les bacs pis les plateformes dès le 31 janvier), l'iconoclaste Gus Englehorn - qui a fait ses premières armes à Montréal à titre d'artiste après une carrière de planchiste pro - propose Metal Detector, un single rock qui fait très Jon Spencer Blues Explosion.
5 Dollar Pony Rides de Mac Miller
Extrait d'un deuxième album posthume - Balloonerism - à paraître le 17 janvier, 5 Dollar Pony Rides est un morceau à la fois bin, bin chill et aigre-doux.
Les amateurs de rap backpack old school - à défaut d'une meilleure expression - devraient apprécier.
PDV par Lebza Khey et Connaisseur Ticaso
Gros son!
Le mot de la fin
Ce n'est pas mon infolettre, mais notre infolettre.
On garde les thématiques pis on se concentre sur les nouveautés?
On coupe sur les sujets d'actualité ou on en rajoute?
N'hésitez pas. Manifestez-vous, yo!
En attendant, à la semaine prochaine, les punks!
(Sauf que c'est Good Luck Babe! Pas Pink Pony Club! :)
Crime que j'aime ces recommandations!!