10 «Piste 1» incontournables
Le saviez-vous? Les artistes ont essentiellement huit secondes pour faire bonne impression...
Le mot et la sélection d’André
Huit secondes.
C’est le nombre de secondes en moyenne que les artistes ont désormais pour capter l’attention d’un(e) mélomane selon une étude commandée par Samsung en 2020. Pire encore, ça serait une chute de quatre secondes depuis 2000.
La même étude fait également valoir que les hits de 2030 auront une durée moyenne de deux minutes, soit la durée de Fell In Love With A Girl des White Stripes.
Évidemment, il y a plusieurs raisons pour expliquer cette chute:
l’offre gargantuesque de plateformes comme Spotify;
les réseaux sociaux comme TikTok;
et la réalisation collective que le jazz, c’est rarement si bon que ça.
Comme on s’éloignerait un peu trop de notre mission musicale en s’attardant davantage à ce phénomène (ça vous a sûrement pris plus que huit secondes pour lire jusqu’ici en plus, t’sais), gardons tout simplement en tête que chaque album a huit secondes pour faire bonne impression.
Huit secondes qui peuvent (re)lancer une carrière, marquer la vie de quelqu’un à jamais ou faire en sorte qu’un disque va mourir dans la boîte à 1$ chez votre disquaire préféré.
D'où la thématique de cette semaine: 10 «Piste 1» qui font qu’on accroche ou pas à une oeuvre.
Oh, pis pour celleux qui sont sur Spotify, voici pour vous!
Piste 1 de Galaxie
Ça se retrouve ici pour le titre, bien sûr, mais aussi pour le changement de ton que la pièce amène à la discographie de Galaxie.
Après deux albums rock aux accents blues et stoner surtout appréciés par la critique et les radios universitaires, Galaxie coupait dans son nom en 2010 puis dans sa direction musicale l’année suivante avec Tigre et Diesel où le crush de ta blonde, Olivier Langevin, et compagnie proposent un rock qui, bien qu’enjolivé de textures électro ici et là, va crissement plus au but qu’auparavant.
C’est aussi l'œuvre qui permettra au collectif de rejoindre l’illusoire grand public (le groupe est nommé dans quatre catégories au gala de l’ADISQ cette année là) ainsi que le rest of Canada (ça sera le seul album francophone à se retrouver parmi les 10 finalistes du prix Polaris de l’année).
Pari mautadinement bien relevé, bref!
Le dernier jour du disco de Juliette Armanet
Top trois des petits plaisirs de la vie:
Un plan qui te tentait moyen qui est finalement annulé;
Un(e) propriétaire qui fait dans la rénoviction qui se fait humilier sur les réseaux sociaux;
Et un concert qui vient te surprendre.
J’avais zéro attente en ce qui concerne le concert de Juliette Armanet de cet été au Métropolis. Je captais l’engouement, mais ça ne me rejoint pas tant que ça.
Des mois plus tard, ça demeure mon spectacle favori de l’année à ce jour.
Avec Brûler le feu — le concert et l’album —, Armanet s’affirme comme une incroyable showgirl. Sérieux, même si — tout comme moi — vous ne tripez pas tant sur le disco ou l’#EspaceMusiqueCore (un style qui s’explique mal, mais je crois que vous comprenez), je vous recommande fortement de la voir sur scène.
Même sans la microdose, je crois que j’aurais autant apprécié.
La grenade de Clara Luciani
Soyons brefs: le seul point faible de ce bijou pop au texte incisif, c’est que l’album sur lequel il se retrouve - Sainte Victoire - n’est PAS un hommage au coquet village du même nom adjoint à Sorel-Tracy. Dommage!
Jus de canneberges de Malajube
Le souvenir est flou, mais quelques semaines avant la parution de Trompe l’oeil de Malajube, je devais interviewer le groupe pour, j’imagine, Bang Bang. Après tout le buzz entourant Le compte complet, paru deux ans plus tôt, cette sortie était incroyablement attendue.
Après un brûlot mi-punk, mi-«The Unicorns, mais en français» (comme disaient certaines langues sales), rien ne laissait présager que le quatuor majoritairement sorelois (oui, oui) allait proposer un album aussi éclaté qu’homogène, glanant ici et là des inspirations allant du rock d’alors à, genre, L’Heptade pour livrer un album original, qui résonne encore dans les inspirations de nombreux artistes locaux qui auront suivi Malajube pis qui, surtout, aborde les infections urinaires comme on le fait sur Jus de canneberges.
J’en parle aussi, car le souvenir que je conserve de ma première écoute, c’est d’un disque gravé qui spinnait dans mon ordinateur pis moi, la mâchoire au sol, qui échange des courriels avec le label pis, une fois rendu à Le crabe, j’ose écrire «Wow! On dirait une toune de Castlevania III!»
Côté références musicales quand on s’improvise chroniqueur, on repassera, en effet.
À ce jour, c’est dans le top 10 des courriels dont je suis le plus honteux (pis Dieu sait que j’en ai envoyé des missives de fins de soirées fort regrettables).
La sélection de Phil
Thunder Road de Bruce Springsteen
Dès les premières notes d’harmonica lançant la face A de Born To Run, Springsteen a été capable d’établir le ton pour son album au complet.
Ça a toujours été un point fort pour lui, les débuts.
A une plus petite échelle, mais de façon tout de même grandiose, Thunder Road nous laisse goûter à ce qui nous attend sur le reste du microsillon.
Du désir, de la nostalgie et surtout un besoin urgent de vivre.
Thunder Road est la toune d’intro parfaite. J’aurais pu la choisir trois fois, mais bon.
Waiting Room de Fugazi
Une des meilleures compils de l’histoire du punk, 13 Songs de Fugazi, début avec le classique Waiting Room.
C’est aussi la première toune sur la playlist que j’aime écouter quand je cuisine un peu chaudaille.
Sur cette liste d’écoute là, on retrouve aussi You Don’t Love Me Yet de Rocky Ericksen, One Armed Scissor de At The Drive-In et le cover de Ain’t Talkin’ Bout Love de Van Halen par les Mighty Mighty BossTones.
Intro de Marc Déry
Les gens aiment beaucoup dire que des ALBUMS, ça n’existe plus.
«On juste est rendu avec des ramassis de tounes sans cohésion blablabla.» (C’est pas moi qui dit ça. C’est les gens)
Par contre, Marc Déry, lui, quand il a enregistré son premier album solo, il l’avait ce souci là.
C’est comme si chaque toune avait été écrite avec le but précis d’être placée exactement là où elle est dans la tracklist.
Je l’ai déjà écrit ici, mais ça demeure un des albums les plus sous-estimés de l’histoire de la musique.
La sélection de Steph
Let me out de The Knack
Trop souvent associé à des one-hit wonders à cause de la méga popularité de My Sharona, The Knack n’avait pas son pareil pour pousser des refrains aussi énergiques et accrocheurs. Ils avaient également le sens du pacing car ils nous balancent en ouverture d’album cette bombe, Let Me Out, qui ne demandait qu’à sortir justement. Excellente mise en matière pour un premier album.
No Action d’Elvis Costello and the Attraction
Un peu dans la même vibe, Costello attaque pour sa part son deuxième album, This Year’s Model, avec ce brûlot concis juste assez rentre-dedans. Et ça annonçait bien le reste de l’opus qui demeure à ce jour un de mes préférés de son imposante discographie. Savant mélange de la tradition pub rock insufflé du punk de l’époque. Costello avait encore la faim, la rage, d’un jeune loup prêt à secouer les colonnes du temples de l’industrie du disque.
Te v’là de Robert Charlebois
54 ans après sa sortie, Te V’là a encore le don d’asséner une décharge électrique au public dans les shows de Charlebois. Peu de chansons sur l’album qu’on nomme aujourd’hui Québec Love (c’était plus ou moins présenté comme un album éponyme à l’époque) auraient pu ouvrir l’ensemble avec une telle déflagration. Pas même la pièce-titre. La poésie déjantée de Marcel Sabourin est ici servie avec une cadence agressive peu commune dans le rock québécois de la fin des années 60.
🎶 Avant de partiiir 🎶
Je ne sais pas si c’est nous, mais on sent un vent - ou, du moins, une brise - de sympathie pour notre projet depuis quelques semaines et on vous en remercie… avant de scrapper ça dès la semaine prochaine avec notre prochain thème: 10 chansons sur lesquelles on accroche pas.
On s’excuse d’avance pis on vous souhaite un bon long weekend.