10 plaisirs coupables qu'on vous avoue finalement
Pour celles et ceux qui voulaient nous faire du chantage, voici donc!
Le mot et la sélection de Phil
Il y a de la musique qu’on aime d’un amour presque inexplicable. On porte des t-shirts à l'effigie des artistes derrière, on en parle à qui veut nous entendre et, si on croise des gens qui l’aime aussi, on tisse un lien instantané. Cette musique devient presque un trait de notre personnalité.
Et il y a d'autres musiques qu’on aime… différemment. Celle que, quand on mentionne à voix haute qu’on l’aime, c’est souvent reçu avec un «ah ouin?».
Certains la qualifieraient de «plaisir coupable». Mais pas nous. On aime ce que le cœur aime et ce n’est pas de notre faute. On va plutôt y aller avec le terme «plaisir dont on est moins fiers».
Heaven de DJ Sammy
La pandémie a été rough pour tout le monde.
Y’en a qui ont fait du pain.
Y’en a qui ont fait des casse-tête.
Et... y’en a un qui a essayé de devenir producteur de musique europop en utilisant un contrôleur MIDI acheté à son ancien collègue Mickaël. Ce dernier passait soir après soir à regarder des tutos sur YouTube et essayant d'appliquer ces notions apprises en utilisant GarageBand sur son iPad.
Ce quelqu’un là à même réussi à recréer de façon approximative l’intro du hit séminal de DJ Sammy, Heaven, une reprise de la chanson du même nom de Bryan Adams. Ça lui a sûrement pris une vingtaine d’heures.
Malheureusement, personne ne va jamais l’entendre parce que la simple idée que cette information soit maintenant en ligne lui donne de l'anxiété.
Pauvre gars quand même...
(Note d'André: Philippe. C'est Philippe le producteur europop en devenir. Juste au cas où ce n’était pas assez clair)
Les Lacs du Connemara de Michel Sardou
Comme beaucoup de vieux artistes, Michel Sardou a plus ou moins bien vieilli. En même temps, il a peut-être toujours été con, qui sait?
Mais personne ne peut nier qu’il a produit des crisses de bangers au cours des années.
Il n'y a rien de particulièrement gênant avec Les Lacs du Connemara. Je l’ai même mise sur une liste de mes 500 chansons préférées de tous les temps que j’écoute régulièrement dans l’auto. Par contre, ce qui est gênant, c’est que c’est la première chanson sur la liste, et que chaque fois que l’auto part, je l’écoute. Au complet.
Ça a même été ma chanson la plus écoutée sur Spotify en 2022. Oups.
What Time Does The Next Miracle Leave de Frank Sinatra
En 1980, Francis Albert Sinatra fait paraître Trilogy, l’album le plus ambitieux de sa carrière. C’est un album concept en trois disques qui explore le passé, le présent et le futur de son illustre carrière. C’est sur cette oeuvre qu’on retrouve Theme From New York, New York, une de ses pièces maîtresses.
Par contre, la section The Future débute de façon assez étrange avec What Time Does The Next Miracle Leave. Une chanson de 10 minutes à propos d’aller dans l’espace. On est loin de Fly Me To The Moon…
Malgré tout, je l’écoute à peu près une fois par mois.
Le catalogue complet des Eagles
Je n’ai pas à me justifier auprès de vous.
La sélection de Steph
Kiss Me de C. Jérôme
À côté de C. Jérôme, Claude François a l’air d’un Dieu de l’underground.
Cette chanson s’appropriant le folk à la Dylan ou Antoine en vogue autour de 1965-66 sonne comme du gros mozzarella fondu. Et en plus, c’est paru en 1972! Trop tard pour être dans le coup, mais trop tôt pour un revival. Du grand cheezy.
Si jamais le personnage vous intéresse, allez aussi écouter Et tu danses avec lui. Qui d’autre pouvait introduire du slap bass sur un slow?
À toutes les filles de Didier Barbelivien et Félix Gray
Malgré son penchant pour les guimauves radiophoniques à la CITÉ Rock détente, Barbelivien était ami avec Léo Ferré. C’est à se demander s’ils jasaient d’anarchie ou des femmes de leurs vies dans leurs soupers.
N’empêche que chaque fois que j’entends cet air langoureux, je pense aux filles de mon secondaire qui avaient «des océans au fond des yeux.»
T’es OK, T’es Bath, T’es In d’Ottawan
Je me suis rappelé de cette petite cadence funky après avoir écrit dans un article qu’Ottawan logeait du côté des one-hit wonders à cause de Haut les mains. Un lecteur m’avait remis dans le bon chemin en m’envoyant le lien de cet autre hit.
Mon bout préféré? Quand la chanteuse entonne «T'es mignon, t'es sympa, tu m'as l'air sincère/ Mais j'vais pas t'épouser/Tu peux m'appeler après huit heures /Au 310-24-32…»
À ce jour, je suis encore tenté d’appeler, mais avant je dois contacter une certaine Jenny au 567-8309.
La sélection d’André
Viva La Vida de Coldplay
C'est connu en privé. Autant sous la couette qu'adossé sur un comptoir de cuisine en fin de soirée. Inspiré par mes frères d'armes, je fais finalement mon coming out en public (si votre définition de «public» est une infolettre qui rassemble près de 200 mélomanes): Coldplay… ne me laisse pas de glace.
Faut dire que… j'en dois beaucoup à Coldplay. Oui, oui.
En 2001
J’accompagnais ma copine de l'époque alors que le groupe était de passage à Montréal pour la tournée accompagnant son album Parachutes. Tout ce que je connaissais du groupe à l'époque, c'était la damnée pièce Yellow qui jouait ad nauseam (pis, on va s'le dire, c'est une des pièces les plus faibles du disque en prime). Mes attentes étaient donc au ras du sol collant par la bière renversée du Métropolis.
J'ai toutefois eu droit à deux surprises...
1 - Le groupe a terminé son concert avec une reprise à la bonne franquette de Lost Highway de Leon Payne. Je ne m'attendais pas à ce que la sensation pop rock britannique du moment connaisse une toune d'un chanteur country aveugle texan mort au cours des années 40, mettons.
2 - La première partie du concert était menée par Grandaddy que je ne connaissais pas du tout à l'époque (et qui est pas mal dans mon top 5 d'artistes à vie depuis).
À ce jour, j'ai de la misère à me l'expliquer, mais quand le band s'est lancé dans Jed the Humanoid (une ballade, dois-je souligner) le synthétiseur m'est rentré dedans. Quasi littéralement!
Je ne sais pas si c'est une affaire d'intensité du son, de fréquence, d'octave, de santé, d'alignement des astres à ce moment précis, mais j'ai senti qu'on me soulevait par les côtes, que je flottais de deux, trois pouces du sol et que mon cœur s'emballait. C'est un high que je chasse depuis en concert et que j'ai rarement retrouvé depuis.
Des années plus tard
Alors que j'étais pigiste à MusiquePlus, on m'a offert de réaliser une émission spéciale sur Viva La Vida reposant essentiellement sur des entrevues menées par Nicolas Tittley.
Je dois donc une gig à Coldplay itou… et j'ai donc écouté ce LP-là à m'en brûler les synapses à l’époque.
Les mauvaises langues disaient à l'époque - et avec raison, quand même - que Coldplay tentait alors de singer l'ambition (et la prétention) d'Arcade Fire. Des années plus tard, ça fait plus «étudiant-en-option-théâtre-au-cégep» comme triomphalisme. C'est devenu sympa, bref... et c'est maintenant moins gênant d'être dans le projet de Chris Martins que celui de Win Butler en prime. Qui l'eut cru?
Aussi à souligner: la vidéo d'Anton Corbijn pour Viva La Vida est un cover de son propre clip pour Enjoy The Silence de Depeche Mode. Ça aussi, c'est sympa.
Je voudrais voir New York de Daniel Lavoie
Évidemment, il n’y a rien de mal d’apprécier ce classique du préféré de ma mère.
C’est juste que mon amour pour cette pièce est coupable, car il est… borderline toxique.
Je stalke cette toune, gang.
Vraiment!
J’épie la version solo de 2023 captée à La Tour où les années à s’époumoner amènent un ‘tit grain intéressant à la voix toujours agile de mon boy Dan.
J’espionne la version chorale sur Lavoie et le grand chœur où, pour une raison que j’ignore, le crooner y glisse quelques strophes de What a Friend We Have in Jesus.
Puis, évidemment, parce que je n’ai pas d’amour propre, je reviens encore et toujours en rampant à l’originale avec son saxophone, son Lavoie qui s’emporte au fil des refrains, la tristesse d’un vers comme «Je ne voyage qu'en mappemonde» et, bien sûr, sa réalisation pop cochonne eighties qui, air du temps oblige, est redevenu de bon goût de nos jours.
Conseil concert: j’ai été voir Danny Boy à la Place des Arts (avec ma mère, évidemment) récemment pis, on va s’le dire, Lavoie est encore plus drôle et humble que charmant avec le temps.
Blind de Planet Smashers
Autre confession: je n’aime pas TANT le ska que ça. J’apprécie, certes, mais vraiment pas autant qu’on pourrait le croire.
Ceci étant dit, que le ska soit un péché mignon ou pas chez vous, je vous recommande c’te toune qui, sans être aussi populaire que, genre, Surfin’ In Tofino, Life Of The Party ou Super Orgy Porno Party, est sûrement la meilleure du collectif à ce jour.
Aussi à souligner: Matt Collyer tente encore et toujours de rassembler les deux solitudes dans l’pit avec cette version en français.
🎶 Avant de partiiir 🎶
La thématique de la semaine prochaine: 10 chansons à prénoms. Eh oui!
Bon vendredi!
Blind, ça BUMPE
C'est bon du (vieux-ish) Coldplay, bon.