10 reprises meilleures que les versions originales
Le mot et la sélection de Phil
En musique, les reprises, c’est un sujet controversé.
Si certains covers feelent comme une façon cheap de faire une passe de cash (désolé Sylvain), d’autres figurent parmi les plus grandes pièces de musique à avoir été enregistrées.
On pense notamment à…
Respect d’Aretha Franklin (originalement d'Otis Redding);
All Along the Watchtower de Jimi Hendrix (originalement de Bob Dylan);
et Sans cri ni haine de Marie-Mai (originalement de Robyn).
Cette semaine, on va vous parler de reprises qui, selon nous, ont un petit edge sur leurs versions originales.
Il me dit de Vanille, reprise d’Elle me dit de Les Misérables, reprise de Tell Me des Rolling Stones
En 2021, Bonbonbon a fait paraître 6 morceaux, un sampler où six artistes du label s’amusaient avec des classiques du répertoire francophone.
Vanille a choisi de reprendre (en gender bendant) Elle me dit du groupe québécois Les Misérables.
Tout ça est très meta puisque, comme beaucoup de classiques de l’ère yéyé, c’est aussi une reprise.
Tell Me des Rolling Stones est paru en 1964, et à la particularité d’être le premier single A-side à être écrit par le tandem Jagger-Richards. Ça a aussi la particularité d’être pas si bon.
Les deux reprises sont quand même vraiment meilleures.
(Post-scriptum, mon autre coup de cœur sur la compil’ de Bonbonbon est Je sais, je sais de Marjo, reprise par Larynx.)
Let's Hear It for the Boy de Doveman, reprise de Deniece Williams
Le film Footloose, paru en 1984, a été un énorme succès commercial. Tout comme sa trame sonore.
On doit ce succès en grande partie aux nombreux bangers co-écrits par Dean Pitchford. Par contre, sans le fini synth-pop mi-années 80, est-ce que ces chansons auraient été aussi bonnes?
C’est exactement ce que le musicien américain Doveman a essayé de déterminer en 2009 quand il a réenregistré sa propre version de la trame sonore de ce film à propos de ne pas avoir le droit de danser. Et c’est d’adon parce que ce n’est pas du tout un album qui donne le goût de partir une rumba. Ses versions minimalistes et contemplatives des pièces popularisées par Kenny Loggins, Bonnie Tyler et Deniece Williams sont étonnamment touchantes.
C’est définitivement une plus grande réussite que le remake de Footloose de 2011 où Miles Teller joue le rôle de Chris Penn.
C.R.E.A.M. du El Michels Affair, reprise du Wu-Tang Clan
Quand j’étais un jeune buck, avant l’arrivée de Lofi Hip Hop Music to Study/Chill To, mon album de prédilection quand je devais étudier, ou chiller, était Enter the 37th Chamber du El Michels Affair, un album de soul orchestral de reprises de tounes du Wu-Tang ainsi que des projets solos de certains de ses membres.
Étant donné que le Wu est né dans la culture des samples de vieux soul, c’est un match made in heaven avec l’orchestre new-yorkais mené par Leon Michels.
C’est aussi de la très bonne musique à écouter dans le char le soir. Ça donne l’impression de faire partie du monde interlope. Mais le monde interlope cool. Comme dans un film de David Lynch.
Girls Just Wanna Have Fun de Robert Hazard
Ceci n’est pas une reprise. C’est la version originale. Qui aurait cru que l’hymne féministe de Cyndi Lauper avait été originalement écrit d’un point de vue masculin? 😨
La sélection d’André
Starman par Milky Edwards & The Chamberlings, reprise de David Bowie
Cette chanson date de plus d’une décennie et elle m’obsède toujours autant.
Primo, parce que c’est un excellent exercice de style.
Si le Starman glam rock de Bowie pointait vers un certain émerveillement, voire une pointe d’innocence, la version soul de Milky Edwards n’est que confiance et sex appeal; un monstre enfanté par James Brown et Tom Jones.
En gros: le Starman de Milky Edwards fourre pis il ne se gêne pas pour nous l’dire.
Secundo, cette chanson me hante depuis parce que… Milky Edwards n’existe pas.
La police utilisée sur la pochette de cet album fait rétro, mais a été créée qu’en 2002. Le vinyle, lui, n’est tout simplement pas distribué à en croire Discogs. À ce jour Milky Edwards n’a “endisqué” que deux chansons - deux reprises de Bowie, en plus; la seconde est Moonage Daydream - et c’est silence radio depuis. Des années plus tard, le mystère plane toujours sur l’identité de l’artiste derrière Milky.
La théorie de Phil, que j’aime beaucoup, c’est que le dude derrière ce doux mensonge serait, en fait, Dick Valentine du combo rock Electric Six. C’est vrai que la voix est similaire.
Space Oddity par Lucien Midnight, reprise de Davie Bowie
Homme-orchestre qui a aussi un don pour se faire discret, le québécois Frank Fuller y va de tout un exploit avec Major Tom, son adaptation de Space Oddity, dans la langue de Chartrand.
C’est non seulement une job de traduction aussi audacieuse que réussie, mais c’est aussi couillu de faire de ce classique des classiques une ballade tristounette très “CISM-à-l’époque-où-la-station-au-grand-complet-était-bandée-avec-raison-sur-Avec-pas-d’casque”.
Comme si ce n’était pas assez, Fuller l’a fait également tout seul comme un grand au piano pis c’est un tout autre trip.
En passant, il a aussi repris L’Escalier de Paul Piché pis c’est comme éplucher des oignons pour nos oreilles.
…
Cette phrase démontre bien pourquoi je ne fais plus de poésie, en effet.
Don't Let Me Down par Dillard & Clark, reprise des Beatles
Les reprises du Fab Four, c’est un genre en soi.
Cette grenaille n’est sûrement pas la meilleure du lot (y’a quand même Nina Simone parmi les artistes qui ont repris les garçons dans l’vent, t’sais), mais c’est quand même la plus “récente” que j’ai entendue.
récente-entre-guillemets, car elle date de 1969, mais je l’ai entendue qu’en septembre 2022 si j’en crois la conversation Messenger qui sert encore et toujours de bougie d’allumage à cette infolettre.
M’enfin, Dillard & Clark était un duo country lancé par l’ex-Byrds Gene Clark et le virtuose du banjo Doug Dillard. L’association aura durée que deux années, le temps de livrer deux albums forts bons, mais qui coûtent désormais la peau des fesses sur Discogs.
OK. Cette version de Don’t Let Me Down n’est peut-être pas supérieure à celle des Beatles au final (j’en pince pour les tounes où Paul s’égosille, faut croire), MAIS la talonne de près tant les cowboys se l’approprient.
La sélection de Steph
Surfin’ USA par Jesus and Mary Chain, reprise des Beach Boys
Peut-être parce qu’on a trop entendu «l’originale» des Beach Boys (ça reste du repiquage de Sweet Little Sixteen de Chuck Berry), mais cette version destroy, nourrie au feedback, des frères Reid déchire à souhait.
On n’a pas tant le goût de jouer au volley-ball sur la plage en écoutant ça, mais plutôt de célébrer notre acouphène entre ami(e)s.
Ça m’avance à quoi par Joe Dassin, reprise de We Five
Ce ratoureux de Joe a tellement imprégné la pop française avec sa reprise de You Were On My Mind de We Five qu’on en a oublié la première version.
C’est peut-être ce petit soupçon de Motown dans la batterie soutenue au même rythme avec la tambourine qui fait sublimer le charme de Joe.
La pièce de We Five avait pourtant tout le potentiel possible, mais n’est pas Joe Dassin qui veut.
La fille à qui je pense par Miossec, reprise de Johnny Hallyday
Qui ose ainsi s’approprier un classique de Johnny? Nul autre que le brosseux breton par excellence: Christophe Miossec!
Son secret réside dans le fait que là où Hallyday mettait ses tripes sur la table, Miossec, lui, y apporte une distance ironique qui n’est pas moins sincère. Surtout quand il reprend ce passage «Car c'est l'alcool, lui, qui me donne les plus beaux rêves que je fais.»
🎶 Avant de partiiir 🎶
La semaine prochaine, Stéphane veut qu’on parle des 10 meilleures compilations au monde. Pfff. Voir qu’il y a de quoi d’mieux que Big Shiny Tunes 2.
Bref, c’est ça la thématique de la semaine prochaine: 10 compilations à (re)découvrir.
Bonne semaine, les relâcheuses et relâcheux!