10 tounes rap qui reposent sur des échantillons surprenants
Du rap influencé par Vilain Pingouin, Gainsbourg (bin oui, encore) et même Harry Potter!
Le mot et la sélection de Steph
Phénomène post-moderne ou appropriation? Le débat peut faire rage, mais nier l’importance des échantillonnages dans la musique des 50 dernières années c’est se magasiner une place de choix au panthéon de la mauvaise foi.
On l’associe beaucoup au rap — avec raison —, mais d’autres genres s’y sont risqués. Parfois avec succès… et souvent avec un résultat suspect.
N’empêche que les plus zélés d’entre nous aiment aussi aller à la source quand ils entendent un sampling dont la provenance reste floue. Les Beastie Boys m’ont fait découvrir tellement de sons et de beats, au fil des années. C’est fou!
Qu’on le veuille ou non, les samplings font partie intégrante de la culture populaire. Pourquoi ne pas les célébrer avec notre sélection qui va vraiment dans tous les sens?
Nouveau Western de MC Solaar
Un peu facile ou évident peut-être me direz-vous, mais en même temps, j’ai tant et tant écouté cette pièce de Solaar et j’ai tant et tant écouté Bonnie & Clyde, l’originale de Bardot et Gainsbourg (la semaine prochaine, je ne parlerai pas de Serge… Promis!), que je ne pouvais passer à côté. Et c’est bien tourné aussi. Pas évident pour le rappeur de se mesurer poétiquement sur un sampling de l’homme à la tête de chou. Défi relevé.
Funky Cold Medina de Tone Loc
Le rappeur libidineux s’est permis de multiples emprunts ici. Les plus évidents à la première écoute restent Hot Blooded de Foreigner et, bien sûr, Christine Sixteen de Kiss. Mais en écoutant bien, on se rend compte que le rappeur s’approprie aussi Honky Tonk Women des Stones (qu’il cite aussi dans les paroles) alors que le break, lui, est une gracieuseté de Get Off Your Ass and Jam de Funkadelic.
Let Your Backbone Slide de Maestro Fresh Wes
Le summum, que dis-je, le festival de l’échantillonnage! De James Brown pour Funky Drummer et Get Up, Get Into It, Get Involved à Boogie Down Productions pour My Philosophy, le rappeur torontois nous gâte. Et la cerise sur le sundae? Cet imparable sample d’orgue tout droit sorti de The Champ des Mohawks.
Can I Kick It? d’A Tribe Called Quest
Du scratch sur du Lou Reed? Ben quin! Walk On The Wild Side sert de base à ce classique d’A Tribe Called Quest. Il y a fort à parier que cette mixture entre hip-hop et classique proto-punk (faute de meilleur terme) a dû faire jaser dans les chaumières à sa sortie en 1990. Pas mal plus qu’un ancien maire devenu chroniqueur sportif à la radio…
La sélection de Phil
Smart Girls de Brian Wilson
«Heille Philippe, tu t’es trompé. On cherche des tounes rap qui échantillonnent d’autres tounes, pas des tounes qui ont été échantillonnées», me direz-vous en voyant qu’une pièce de Brian Wilson figure parmi mes sélections…
HÉLAS!
Dans les années 80, alors qu’il ne feelait pas top, le leader des Beach Boys a collaboré sur de la musique avec son psychologue. Je ne connais pas trop le code de déontologie des psychologues, mais je sais que je ne produirai jamais d’album avec le mien… Tout ça pour dire qu'en 1990, le Brian et le Dr Eugene Landy ont réalisé l’album Sweet Insanity (qui, à la surprise de personne, n'a jamais vu le jour).
Sur ce ramassis de tounes, on retrouve Smart Girls, une pièce «rap» méta ou Wilson fait référence à sa carrière, tout en nous rappelant qu’il est derrière certaines des plus grandes chansons populaires de l’Histoire, rendant tout ça encore plus triste.
C’est tough à écouter… mais nécessaire.
Disparaître (sur un train) de Joe & Lazy
En 2014, quand on a appris que SNL allait être adapté au Québec et que plusieurs sketchs mythiques de l’émission allaient aussi être adaptés, une question était sur toutes les lèvres.
EST-CE QU’ILS VONT REPRENDRE LE SKETCH OÙ WILL FERRELL JOUE DE LA CLOCHE DE VACHE SUR DON’T FEAR THE REAPER DE BLUE OYSTER CULT?
La réponse était: oui… sauf que, dans la version de la Belle Province, c’est Normand Brathwaite qui joue de la cloche de vache sur Le Train de Vilain Pingouin.
Chaque fois que j’entends cette chanson-là, je pense à ce sketch. Comme la fois où j’ai vu mes collègues de Québec Nicolas Tremblay et Michaël Labranche chanter ça au bar karaoké Mon Calme en 2018. Ou, quand j’étais avec mes amis la semaine dernière dans un bar sportif pis que je croyais que c’était la version de Rudy Caya et compagnie qui jouait, mais non: c’était Disparaître (sur un train) de Joe & Lazy.
Ce n’est pas une chanson particulièrement bonne, mais c’est drôle de se rappeler que quelqu'un a pensé à samplé de Vilain Pingouin pour une toune rap.
Steal my Sunshine de Len
Saviez-vous que dans le vidéo-clip de Steal my Sunshine du groupe canadien Len, on peut voir un autocollant du magazine Vice sur la mobylette du chanteur du groupe Marc Costanzo?
Saviez-vous aussi que l’air principal de la pièce vient du classique disco More, More, More de Andrea True Connection? Le sample apparaît autour de 2:30.
La sélection d’André
99 Problems de Danger Mouse
Bien que, près de 20 années plus tard, le fameux Grey Album de Danger Mouse ne vieillit pas si bien - du moins, à mon humble avis -, cet album-concept rassemblant que des a ccapellas du Black Album de Jay-Z et des échantillons du White Album des Beatles était un petit moment culturel en soi lors de sa parution en 2004.
Un rappel en bref: Jay-Z, toujours à flairer la bonne affaire, lance un album de ses accapellas pour encourager le sampling. Suffisait d’acheter cet album pour pouvoir le triturer et en tirer de «nouvelles» pièces signées Hova.
Danger Mouse - un nouveau venu de 27 ans qui ne comptait qu’un seul album rap à son actif ainsi que quelques parutions plus trip hop indé qui sont passés sour le radar à l’époque - se lance alors le défi d’en tirer un album complet à l’aide d’échantillons du White Album du Fab Four comme trame sonore. Le projet se veut alors qu’un défi personnel et le principal intéressé en produira que 3000 exemplaires.
The Grey Album explose alors bien malgré lui, se retrouve sur plusieurs listes des meilleurs albums de l’année et, cerise, sur le sundae est également célébré par Sir Paul, Ringo et Jay-Z… mais pas par EMI, détenteur des droits sur les tounes des Beatles qui menace de le poursuivre. D’où le Grey Tuesday, une journée de désobéissance civile sur le Web où plus d’une centaine de sites web hébergent l’album pour l’offrir en téléchargement gratuit.
Évidemment, The Grey Album vient également avec son lot de questions sur le droit d’auteur, l’acte créatif et tout ça, mais c’est une infolettre icitte, pas un mémoire de recherche…
Long story short: devant la levée de boucliers et un look pas si cute pour ce conglomérat, EMI repartira avec sa ‘tite queue entre les jambes. Danger Mouse, lui, poursuivra son chemin en lançant Gnarls Barkley et en produisant Demon Days de Gorillaz ou encore Modern Guilt de Beck (qui sont 1, d’excellents albums et 2, crissement aux opposées, démontrant donc l’étendue de la palette du monsieur).
Young Lady de Kid Cudi
Étant un homme blanc d’un certain âge, j’aime beaucoup Father John Misty.
Bref, sur Young Lady, Kid Cudi semble complètement gaga d’un crush sur fond de Hollywood Forever Cemetery Sings… ce qui est quand même «intéressant» - du moins, pour moi - car la toune de Misty, elle, raconte l’envers de la médaille: en pincer pour une personne qui pourrait être toxique.
M’enfin, on m’a dit récemment que les fun facts étaient appréciés alors voici donc:
Pour la petite histoire, Cudi a été moins cérébral que moi et a opté pour la toune de Misty après l’avoir entendue dans une boutique d’antiquités, tout simplement. Bien que c’est plutôt inaudible sur la refonte du Kid, l’père aurait été en studio avec le rappeur pour réenregistrer sa voix.
Le punch? La Young Lady en question serait… Emma Watson. Kid Cudi, dans l’fond, c’est un hufflepuff.
Rascal de RMR
J’aimerais vous dire que les puristes vont trouver que je triche, mais je doute qu’ils nous lisent alors je me lâche lousse…
Parce que, voyez-vous, Rascal est davantage une reprise de Bless The Broken Road - une chanson country (!) assez sirupeuse popularisée par Rascal Flatts qu’une job d’échantillonnage -, mais c’est tout comme alors que le rappeur masqué RMR détourne le propos de la pièce pour en tirée une ode au gangstérisme, voire au positivisme.
Après tout, des strophes comme…
I came up and so could you (Je m’en suis tiré et tu pourrais aussi y arrivé) And fuck the boys in blue (pas besoin de traduire)
accompagnerait bien une affiche de ‘tit chaton suspendu sur une corde à linge dans un cubicule de Banque Nationale.
J’en parle ici aussi car le clip - riche en images fortes - a aussi été un grand moment de l’histoire pré-infolettre de Disque dur. Le titre de la nouvelle de Phil était Plus besoin de produire de nouvelles chansons, la meilleure qui sera jamais écrite est arrivée pis, trois ans plus tard, c’est toujours le cas.
Aussi à souligner: RMR est incroyablement poli. Je reviens souvent à l’introduction de cette perfo lors de fins de soirées grises.
🎶 Avant de partiiir 🎶
Philippe propose qu’on s’inspire du poisson d’avril. 10 chansons qui parlent de saumon? 10 mauvais coups musicaux? À suivre!
Ciao les ‘tits poissons des chenaux!