Sexe, Duolingo et rock n' roll! 10 chansons qui ne sont pas chantées dans la langue maternelle de leurs interprètes
C’est finalement arrivé!
Après des semaines à glisser des “HeeeEEEEEEYYYYyyy! Si vous avez des suggestions de thèmes pour nos sélections musicales, nous serions preneurs, t’saaaaAAAAIIIiiis!” 😎, une lectrice nous a finalement mis au défi en nous proposant de monter une sélection inspirée de chansons entonnées dans une autre langue que celle utilisée par l’interprète habituellement (c’était mieux formulé dans son courriel, promis juré).
Mieux encore, Annie - parce que c’est son prénom - se joint également à nous avec une suggestion de son cru… pis elle vole le show en prime.
C’est la tour de Babel dans ton courriel, yo!
Bon voyage!
La sélection d’André
Un Canadien errant par Leonard Cohen
Des années avant de lancer un hymne qui sera repris ad nauseam, le ladies’ man se frottait lui-même à un classique vieux comme le monde d’Antoine Gérin-Lajoie. Oh, pis en parlant de Cohen, le documentaire Hallelujah: Leonard Cohen, a Journey, a Song vient d’arriver sur Crave. J’espère qu’on y parle de Shrek!
Ne me quitte pas par Laurin Hill
Ça s’entend à l’interprétation, mais quand même: Mme Hill s’inspire davantage ici de la reprise renversante de Nina Simone que de l’originale de Brel pour son Ne me quitte pas qui torche également, au passage, celui de son cousin Wyclef.
Prisencolinensinai d'Adriano Celentano
Après une dizaine d’années à surfer sur la même vague, l’Elvis italien Adriano Celentano voyait la houle venir et a tenté de se réinventer en optant pour une direction plus “internationale”, d’où cette chanson “en anglais” lancée en 1972 où - outre des “all right!” lancés à la volée -, le principal intéressé baragouine n’importe quoi, un peu comme ma fille quand elle tente de chanter Bad Romance pour l’énième fois (en moins charmant, toutefois).
En 2012, le principal intéressé confiait à NPR qu’il ne voulait pas nécessairement léguer une “toune drôle”, mais bien une œuvre abordant l’impossibilité de communiquer, d’où son charabia. Yeah right.
La chanson est très bonne, ceci étant dit.
La sélection de Stéphane
Sea, Sex and Sun (version anglaise) de Serge Gainsbourg
Comment rendre une chanson déjà cheesy à souhait dans sa version d’origine (écrite en 16 minutes!) en une narration disco imbuvable, mais dont le charme inouï se dévoile après quelques écoutes? Le mantra de l’Homme à tête de chou semble se résumer à «comment puis-je réinventer le mauvais goût?». Comme le dit l’adage pour justifier nos plaisirs coupables : «c’est si mauvais que ça en devient bon…»
Éloïse (version italienne) de Claude François
À une époque où la langue de Mordecai Richler n’avait pas encore colonisé l’ensemble de la planète pop, il n’était pas rare que les chanteurs de variété proposent leurs bluettes dans d’autres langues européennes. C’est le cas de Cloclo qui nous entonne Éloïse dans la langue (ou seconde langue) de Mathieu Baron.
Worte nur Worte (Paroles… Paroles…) de Dalida et Friedrich Schütter
Parmi les diverses langues empruntées par la grande Dalida le temps de quelques couplets/refrains, on trouve l’allemand. Si dans sa version d’origine elle a fait appel à Alain Delon pour son duo, cette version nous fait découvrir un certain… Friedrich Shütter. À écouter!
La sélection de Phil
Miserere de Bruno Pelletier
Je n’ai pas grand-chose à dire à propos de cette pièce en italien qui a récemment souligné son 25e anniversaire de parution (ça a même valu à l’album du même nom une réédition en vinyle). Par contre, mon ami Fred Guindon m’a récemment appris qu’elle a été co-écrite par Bono, et ça m’amuse quand même comme information.
Les feuilles mortes par Iggy Pop
Iggy Pop est un personnage fascinant. En plus d’être adepte d’être torse nu, M. Pop entretient aussi une affection particulière pour la littérature française. En 2009, après avoir lu La Possibilité d'une île de Houellebecq, Iggy faisait paraître Préliminaires, un album inspiré du roman. Cette fois-ci, il délaissait le rock et s'intéressait plutôt à la chanson française. C’est un album étrange et pas toujours agréable, mais qui débute tout de même avec une reprise de ce standard jazz popularisé par Yves Montand.
島唄 (Shima Uta) par Andrew W.K.
Parmi tous les artistes de qui on dit qu’ils sont «big in Japan», peu sont aussi reconnaissants qu’Andrew W.K.. Connu initialement comme le gars de party de chouchou de Vice dans le temps que c’était juste un magazine encore pertinent, Andrew a connu beaucoup de succès au pays du Soleil-Levant, au point où il a décidé de faire un cadeau à ses amis japonais en enregistrant un album de reprises J-pop traduites en anglais (oui, je m’éloigne du thème un peu, mais j’aime trop Andrew W.K. pour ne pas en parler). Malheureusement, l’album n’est jamais paru en sol américain et n’est pas disponible sur les plateformes de streaming, mais ça se trouve si vous cherchez un peu.
Puis, pour conclure en grand, la sélection d’Annie, notre invitée!
Si les bateaux par Ian & Sylvia
Vigneault au pays des cowboys!
Que se passe-t-il lorsqu’un cowboy déchu de la Colombie-Britannique rencontre une musicienne ontarienne à l’aube des années 60? Ils forment un duo folk, évidemment.
Ils se marient aussi quelque part en chemin, mais ça, c’est une autre histoire.
Bien qu’ils soient quelque peu tombés dans l’oubli aujourd’hui, Ian & Sylvia sont décrits par plusieurs comme des figures marquantes de la scène folk canadienne de l’époque. En 1967, ils font paraître une reprise surprenante de Si les bateaux, une des plus belles de Vigneault, à mon humble avis.
Si cette version en estompe la charge politique, elle nous permet en revanche de recevoir cette pièce pour ce qu’elle est aussi : une chanson d’amour, grande et vaste.
Pour celles et ceux qui se posent la question : ils ont divorcé et cessé leur carrière commune en 1975. MAIS, en 1986, ils renouent le temps d’une performance sur scène. Et je ne peux m’empêcher de croire qu’il y a un peu (beaucoup) d’eux dans les personnages créés par Eugene Levy et Catherine O’Hara dans A Mighty Wind.
Ne serait-ce que pour ça : merci d’avoir existé Ian & Sylvia.
🎶 Avant de partiiir 🎶
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Oh, pis le thème de la semaine prochaine est “chansons pour passer à travers le pire mois de l’année: février”.
Dehors novembre, en effet!
À la semaine prochaine, les punks!