Sexe(s), politique(s) & rock n' roll
Où on "souligne" le 2e anniversaire de l'insurrection du 6 janvier en abordant des tounes politisées (de près ou de très, très loin)
Bonjour et bonne année (on a jusqu’au 15 pour se le souhaiter sans que ça ne soit gauche). On vous souhaite bonheur, santé et, surtout, un nouvel album de Pag (un gars peut toujours rêver).
Après une pause tourtière, cadeaux, et ne pas savoir quel jour nous sommes, « la vraie vie » reprend… et notre infolettre aussi. Comme ceci arrivera dans votre boîte à mail numérique deux ans jour pour jour après la tentative d’insurrection au Capitol (on parle ici du Capitol américain et non le succès de l’année 2022 signé Funky et Jay Scott), on a décidé d’en profiter pour jaser de politique.
Oui, on le sait, l’année commence rough en titi (au moins, on garde nos spéciaux sur l’argent et sur la religion pour plus tard cette année).
Sans plus tarder, voici nos choix…
La sélection de Phil
Bozo les culottes de Raymond Lévesque
Au tournant des années 2010, je travaillais dans un cinéma du centre-ville de Montréal. Un de mes collègues était un gars un peu weird avec qui je m’entendais quand même bien. Sa mère travaillait aussi à la même place que nous et elle était bien gentille.
À un moment donné, un client lui a vraiment manqué de respect et je lui ai dit : « Tsé, tu n’as pas besoin de laisser les gens te parler comme ça. » Peu de temps après, une dame lui a fait un commentaire qu’il n’a pas aimé et il a crié : « CHU PAS UN CHIEN », en lui lançant une poignée de monnaie.
Il a perdu sa job.
Chaque fois que j’entends Bozo les culottes, je pense à lui. La pièce de Lévesque a été inspirée par Pierre Schneider, un jeune militant felquiste qui a été condamné à trois ans de prison pour avoir fait sauter une boîte à mail ou deux.
Mississippi Goddam de Nina Simone
Dans les années 60, beaucoup de gens ont eu très peur de Nina Simone.
Alors que ceux au pouvoir tentaient de faire tenir le filet social des États-Unis avec du scotch tape, Miss Simon vargeait dessus a gros coups de pied.
Même 60 ans plus tard, c’est impossible de ne pas ressentir une envie de tout décalisser en entendant Mississippi Goddam, une ode aux droits civils.
Don't Cry For Me Argentina d'Andrew Lloyd Webber et Tim Rice
« Un spectacle à propos de l’ancienne première dame d’Argentine, pourquoi pas une comédie musicale à propos de vulgaires chats ? Ou du roi de Siam ? »
C’est sûrement ce que beaucoup de gens se sont dit quand ils ont entendu parler d’Evita, l’album-concept de Andrew Lloyd Webber et Tim Rice qui relate la vie d’Eva Perón. Mais bon, l’opéra rock a connu un succès assez considérable et a même été adapté en comédie musicale qui a servi de tremplin pour plusieurs des plus grandes voix féminines de l’histoire, tout en éduquant les masses à propos de la politique sud-américaine.
Pas une petite tâche quand même!
L’album a aussi été adapté pour le grand écran avec Madonna dans le rôle-titre.
Eh fly bine!
La sélection de Steph
Chanteur engagé de Mononc’ Serge
Même si ses paroles sarcastiques à souhait nous renvoient peut-être davantage à une critique de l’engagement en chanson, Chanteur engagé reste ancré dans la dénonciation des démagos à go-go s’empressant d’embrasser toutes les bonnes causes pour redorer leur blason.
Et la guitare punk écorchée de Peter Paul rend le tout encore plus corrosif.
Aux armes et cætera de Serge Gainsbourg
Ici, le combat est peut-être venu après la conception de la pièce. C’est-à-dire qu’un groupe de vieux croûtons de la droite française s’en est pris à Gainsbourg pour avoir ainsi remanié en reggae leur Marseillaise tant aimée.
Pour bien narguer cette bande de ringards, l’Homme à la tête de chou s’est payé un des manuscrits originaux du texte de Rouget de Lisle.
If The Kids Are United de Sham 69
Malheureusement récupéré à l’époque de sa sortie par des ti-clins néonazis en quête d’hymnes, ce brûlot de Sham 69 reste un digne appel à la solidarité.
Heureusement, le leader du groupe Jimmy Pursey s’est rapidement et publiquement dissocié des jeunes fachos qui voulaient s’approprier sa toune à la fin des années 70.
Porcherie de Bérurier Noir
Surtout pour sa version live de 1986 où le groupe scande à même la pièce le désormais classique slogan «La jeunesse emmerde le Front National.» C’était peu après que Le Pen le père récolte plus de 10% aux présidentielles françaises.
Si, dès son enregistrement, on visait entre autres le leader du parti d’extrême droite, l’outro bien connue est survenue au gré des concerts du groupe grâce à l’enthousiasme de la foule.
La sélection d’André
Comme j’ai toujours envie d’aimer de Mitsou
En 1994, le SIDA devient la principale cause de décès pour les Américains âgés de 25 à 44 ans. Pire encore, les personnes en souffrant sont encore et toujours stigmatisées.
La même année, Mitsou fait paraître son album Ya Ya sur laquelle on retrouve cette fameuse reprise. La chanson est accompagnée d’un vidéoclip léché mettant en vedette des personnes séropositives. L’une d’entre elles échangera d’ailleurs un baiser avec l’artiste alors que l’acronyme VIH devient ici « Vie, Instinct et Humanité ». Le clip, qui secouera les chaumières, se verra coiffer du titre de la meilleure vidéo francophone lors des MuchMusic Video Awards de 1995.
« À l’époque, il y avait énormément de tabous et de désinformation autour du sida. Je voulais m’impliquer à ma manière, de façon créative, comme artiste, mais aussi comme citoyenne», notera la principale intéressée, des années plus tard.
Roll On de The Living End
Autre retour en arrière : 1998…
C’était l’année de la crise du verglas, de la réélection de Lucien Bouchard et, surtout, de l’été où on a collectivement capoté sur le swing pour ensuite faire semblant qu’on a collectivement oublié cet épisode, un peu comme si c’était un one night risible avec un gars qui avait une tresse dans son pinch.
Bref, y’avait des bands swings au Warped Tour et, long story short, j’ai acheté une chemise de bowling à 80 $ à l’effigie d’un de ses bands sur les lieux. 80 $ en argent de 1998 et sur un budget de cégépien, c’est beaucoup. J’étais particulièrement saoul et j’avais un coup de soleil frôlant le mélanome, dois-je toutefois indiquer.
Avance rapide : il y avait également là un band de rockabilly (encore une fois : c’était en 1998, j’étais au cégep et je venais de m’acheter une chemise de bowling beaucoup trop chère) qui était chaudement recommandé par Fat Mike de NOFX à l’époque. C’était, évidemment, The Living End, trio australien reconnu pour deux choses : son hit Prisoner Of Society et la passe dans le show où le guitariste et chanteur Chris Cheney se pète un solo DEBOUT(!) sur la contrebasse penchée de Scott Owen.
Bref, deux ans plus tard, The Living End faisait paraître son album Roll On et la pièce-titre raconte le lock-out des ports australiens de 1998. Un ‘tit cours d’histoire à dimension humaine de 3:10, quoi.
Oh, pis si les conflits syndicaux sont aussi votre kink, je vous recommande fortement Trouve-toi une job! du Mouvement Action-Chômage de Montréal.
Féminicide d'Ariane Zita
«C'est une guerre intime, une silencieuse explosion » laisse tomber, quasi résignée, l'autrice-compositrice-interprète locale Ariane Zita sur cette ballade aussi lancinante qu'intime qui est tirée de son album Beige (rarement un LP aura aussi été mal nommé, en effet).
Pièce malheureusement constamment d'actualité, elle me vient en tête à chaque 6 décembre.
20 jours plus tard en 2022, elle était déjà de retour…
🎶 Avant de partiiir 🎶
Sortez vos chats noirs, vos rires machiavéliques et vos masques de hockey, car l’épouvante sera à l’honneur pour l’édition du vendredi 13 janvier de notre infolettre!
Aussi, si vous aimez le contenu, n’hésitez pas à vous abonner si ce n’est pas déjà fait (ça « coûte » juste une adresse courriel) et, pour l’amour du bon Dieu, passez-le mot si quelqu’un dans votre entourage pleure encore la mort du Voir ou du Ici, genre.
À la semaine prochaine, les punks!
Mon dieu que cette infolettre est délicieuse.
Venant d'une artiste de talent pis d'une incroyable mélomane, c'est flatteur en titi. MERCI!