10 tounes qui font peur... juste à temps pour l'Halloween!
Avec, en prime, une anecdote aussi personnelle qu'épouvantable signée Stéphane Plante.
Le mot et la sélection d’André
Après des semaines de chansons sur Vendredi 13, la magie, les artistes qui se déguisent pis de tounes qui accompagnent bien le craquement des feuilles mortes, l’air frette qui pince le matin suivi de la ‘tite sueur de fin de journée (c’est quoi c’te température, sérieux!?), on termine notre série automnale avec une sélection inspirée de l’Halloween: des oeuvres flirtant avec la fiction cauchemardesque, voire le fait divers et le true crime.
C’est rare qu’on va écrire ça, mais quand même: trigger warning. Pour mélomanes averti(e)s, mettons.
Bonne lecture, bonne écoute, bon dodo avec une veilleuse ce soir.
FOU NORMAL du K6A
En 2013, le collectif local frappait fort avec Kosséça.
En plus de charmer la crowd rap, le LP allait même être abordé sur le plateau de Denis Lévesque.
Faut dire que, la pièce Fou normal, s'ouvre avec la strophe suivante:
À matin, il fait beau
Today is a good day
J'vais assassiner Richard Martineau
Contre toute attente, le principal intéressé (qui avait auparavant dénoncé le groupe Mise En Demeure aux autorités pour une image publiée en ligne où on pouvait lire «Tuer Martineau» en tuiles de Scrabble), s'est dit compréhensif dans le contexte d'une œuvre où, clairement, on a affaire au journal d'un détraqué qui tiendrait également en otage des touristes dans son sous-sol entre autres horreurs.
Pour avoir plus de détails sur l'affaire, vous pouvez lire les archives de mon blogue du Voir où j'en ai jasé à l’époque avec... hé-bo-boy... Maybe Watson.
La complainte de Bannier d'un(e) artiste inconnu(e)
Il n'y a évidemment pas que Jack l'Éventreur qui a captivé. Il y a aussi son pendant français Joseph Vacher.
Né en 1869 puis exécuté par guillotine en 1898, celui qu'on surnomme le tueur de bergers aura été soupçonné d'une cinquantaine de crimes horribles... qui auront également inspiré moult chansons à l'époque, dont cette complainte anonyme qui aurait été publiée dans le journal La Dépêche en 1897.
En 2019, lors d'un colloque consacré aux complaintes criminelles, justement, des musiciens ont tenté d'interpréter la pièce, s'inspirant du texte pour l'accompagner d'une mélodie.
Le résultat est très amateur, ce qui, justement, rend la pièce encore plus macabre.
Look At Your Game, Girl de Cross Record
C’est connu, Charles Manson a composé bon nombre de chansons.
Les Beach Boys en ont endisqué une. Guns N’ Roses en ont repris une pour The Spaghetti Incident?.
Ce qui l’est moins - toutefois - c’est que, même de nos jours, son matériel résonne toujours et demeure en circulation.
En 2014, la chanteuse britannique Cross Record reprenait Look At Your Game, Girl sur YouTube… puis s’empressait d’ajouter en commentaire qu’elle dénonçait les crimes du fameux gourou.
Do The Freddy par The Elm Street Group et Robert Englund
En 1987, Freddy Krueger était si big que quelqu'un, quelque part, a donné son feu vert pour que la parution d'A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors soit accompagné d'un LP où le groupe fictif The Elm Street Group (j'me demande comment Springstreen a pris c'te clin d'œil) y va de reprises - All I Have To Do Is Dream est du lot, bien sûr - et même de compositions très pop rock new wave fromagées à souhait où on peut également entendre Robert Englund, l'interprète du fameux tueur, rire, grogner, dire des niaiseries et crier.
Le résultat final est particulièrement cauchemardesque en plus d'être désagréable tant c'est cacophonique. Parfait pour l'Halloween, donc.
La sélection de Steph
Go Home de Joan Jett
Kathleen Hanna de Bikini Kill s’est associée à Joan Jett pour écrire sur le meurtre de Mia Zapata, chanteuse de The Gits, survenu le 7 juillet 1993. Pour ajouter à la monstruosité de l’acte, les policiers n’ont retrouvé le coupable que dix ans plus tard.
En quelque sorte, Mia Zapata était visionnaire.
Elle a déménagé à Seattle dès 1989, car elle sentait que cette ville, pourtant pas perçue comme une mecque culturelle à l’époque, dégageait un indéniable potentiel créatif. Les années qui suivirent lui donnèrent raison.
Malheureusement, The Gits n’ont jamais pu profiter de cette folie entourant Seattle. Ou si peu.
Pourtant, ayant sorti des albums avant que les canons du genre ne paraissent, personne n’aurait pu les accuser de sauter dans le train en marche. Vraiment pas.
Le combo féminin 7 Year Bitch rendra aussi hommage à la chanteuse en nommant son premier album ¡Viva Zapata!.
Polly de Nirvana
Tant qu’à galérer du côté de Seattle, allons-y avec la toune la plus dépouillée de Nevermind de Nirvana.
Les arrangements ne comprenaient que la voix de Cobain (à peine un peu doublée par lui-même en overdub), une guitare et une basse acoustique s’avéraient la parfaite mixture pour parler de la Polly en question. Même si la version ressortie sur la compil Incesticide en 1992 abondait plutôt dans un punk rock énergique, elle ne trahissait pas non plus son esprit.
Qui était Polly? Une adolescente de 14 ans kidnappée et agressée à Tacoma dans l'État de Washington en 1987. L’histoire a tellement secoué Cobain qu’il a commencé à travailler sur la chanson la même année.
Noise Solution de Groovy Aardvark
Ici, j’évoque une pièce directement liée à mon vécu.
La bande à Vincent Peake a rendu hommage à Émile, un monsieur d’un certain âge qui tenait des locaux pour musiciens quelque part à Montréal. Des bands comme Voïvod et bien sûr Groovy ont jammé là. Mon souvenir est flou sur l’emplacement des lieux, mais je me rappelle à quel point c’était très crade.
Qu’est-ce que je foutais là? Mon ancien coloc du temps du cégep de Sherbrooke, récemment déménagé à Montréal, avait pris un local tout seul là-bas dans l’espoir saugrenu qu’il allait monter un band comme par magie en déménageant dans la grand-ville.
Pas trop longtemps après, nos chemins se sont séparés et j’ai eu des nouvelles de cet ex-coloc et ex-ami par le biais des nouvelles de TQS relatant l’assassinat d’un sexagénaire par un de ces locataires… ledit locataire n’était nul autre que cet ex-coloc.
Ça devait faire 6 mois au moins qu’on ne se parlait plus, mais plusieurs personnes nous croyant toujours copains m’ont téléphoné pour connaître les tenants et aboutissants de ce meurtre sordide commis lors d’une crise schizoïde aigüe. Je ne sais plus combien de fois j’ai dû expliquer à l’époque que je ne parlais plus à cet ex-coloc.
Bien sûr, le lendemain, l’histoire était relayée en une du journal. L’article comprenait tellement d’erreurs factuelles sur cet ex-ami… si ce n’était de l’atrocité du geste, ça en aurait été presque cocasse. Mais non.
En peu de mots, Groovy Aardvark a bien résumé le tout.
My jaw hit the paper
Poor ol'Emile was murdered
Death can come when you least expect it
Young man, schizophrenic
La sélection de Phil
Psycho d'Eddie Noack
Lors du parcours de chaque artiste lui vient une envie de faire un album de reprises country. La plupart du temps, ceux-ci sont capables de résister à la tentation, mais d’autres, comme Elvis Costello, succombent.
En 1981, avec The Attractions, Costello a fait paraître Almost Blue, un album qui rend hommage aux grands comme Haggard, Williams, Jones, etc.
Par contre, sur le b-side du single de la reprise de Sweet Dreams (of You) de Don Gibson, on retrouve une version live de Psycho, une pièce enregistrée par Eddie Noack en 1968.
C’est par ce canal que j’ai découvert une des chansons country les plus troublantes de l’histoire.
La murder ballad (ballade de meurtre) composée par Leon Payne a été très controversée dès sa parution. On y décrit plusieurs meurtres en détail. Très différent de ce qui se trouvait sur le Billboard à l’époque.
Selon la fille de Payne, son pops aurait été inspiré par les crimes crapuleux de Richard Speck, un homme qui a tué huit infirmières dans une seule nuit en 1966.
Oui, la version de Costello est bonne. Tout ce qu’il fait est bon. Mais rien n’accote la version déstabilisante et sans émotion de Noack. J’ai des frissons juste à y penser.
Moonlight Shadow de Mike Oldfield
C’est drôle que Mike Oldfield soit capable de passer de Tubular Bells (qui a été utilisé dans The Exorcist de William Friedkin) à Moonlight Shadow, une des meilleures tounes pop qui existe.
Bien que les paroles entonnées de façon hantées par Maggie Riley soient assez abstraites, elles ont suscité beaucoup de théories. Un grand nombre de fans croient que la pièce raconte la mort de John Lennon, qui a été assassiné par Mark David Chapman peu de temps avant que la pièce soit enregistrée.
Oldfield, pour sa part, l’a toujours nié. Il dit que c’est à propos de la mort de Houdini, mais bof. Il ne connaît rien.
Quand on aime on a toujours 20 ans de Jean-Pierre Ferland
Il y a plusieurs légendes urbaines qui circulent autour de chansons.
Comme, par exemple, la rumeur qui veut que la toune In The Air Tonight de Phil Collins (ou In The Air Of The Night selon Eminem dans Stan) soit à propos d'un dude qui aurait laissé quelqu’un se noyer. On cherche souvent des origines sinistres a notre musique, bref.
Par contre, avec JP, on n’a pas besoin de chercher trop loin.
L’album Jaune de Ferland est sans contredit un des meilleurs albums de l’histoire du Québec. Point barre. Parmi ses hits figurent Quand on aime on a toujours 20 ans, qui, à la surface, sonne comme une chanson d’amour innocente.
Par contre, si on s’arrête vraiment aux paroles, on réalise assez vite que, tout comme Psycho, que c’est aussi une murder ballad.
C’est à propos d’un gars jaloux qui tue le chum d’une fille qu’il aime. Son crime passionnel lui vaut 20 ans de prison. D’où le titre.
C’est le genre de truc que les gens ont de la difficulté à croire quand ils entendent.
Mais oui, JP à un côté sombre.
🎶 Avant de partiiir 🎶
Dans la nuit du 4 au 5 novembre, on va perdre une heure de sommeil (ou de party, c'est comme vous voulez) pis, en prime, les kids seront bougons le lundi matin. Ugh.
On va tenter de vous remonter le moral en prévision du retour vers l'heure normale de l'Est en vous partageant des tounes qui parlent de minutes, de montres, de moments.. de temps, bref.
Bonne semaine pis joyeuse Halloween!